Le 23 janvier 2025, le tokamak SMART, un appareil expérimental conçu et développé par le Plasma Science and Fusion Technology Laboratory de l’Université de Séville, en Espagne, a réussi à générer son premier plasma. Cet événement est une étape décisive pour le projet, qui vise à faire progresser la fusion nucléaire en développant des technologies adaptées à la production d’énergie propre.
Le tokamak SMART, dont le nom signifie Small Aspect Ratio Tokamak, se distingue par sa flexibilité unique à générer des plasmas de différentes formes. Il représente également un pas en avant dans l’exploitation des tokamaks sphériques, qui, par rapport aux tokamaks classiques de forme D, présentent un avantage considérable. SMART sera le premier tokamak sphérique à explorer pleinement le potentiel de la triangularité négative, un concept qui pourrait améliorer les performances du réacteur.
Qu’est-ce que la triangularité négative ?
La triangularité désigne la forme de la section transversale du plasma à l’intérieur du tokamak. Traditionnellement, cette forme ressemble à la lettre D, et l’orientation de la partie droite de la lettre vers le centre du réacteur définit la triangularité positive. En revanche, lorsque la partie courbée du plasma fait face au centre, on parle de triangularité négative. Cette configuration pourrait offrir de meilleures performances en réduisant les instabilités qui expulseraient les particules et l’énergie du plasma, un phénomène qui peut endommager les parois du tokamak.
L’un des objectifs de SMART est d’utiliser cette géométrie de plasma pour optimiser les performances du réacteur et minimiser les risques liés aux décharges d’énergie. Ce dispositif expérimental utilise également des champs magnétiques puissants, combinés avec les technologies de tokamaks sphériques et de triangularité négative, pour créer des conditions idéales pour le confinement du plasma.
Un pas vers un réacteur de fusion compact
SMART a pour objectif final de fournir les bases scientifiques et technologiques pour concevoir le réacteur de fusion nucléaire le plus compact possible. En combinant plusieurs avancées technologiques, le projet cherche à repousser les limites de la fusion nucléaire, un domaine clé pour la transition énergétique de demain.
L’objectif n’est pas uniquement scientifique. Le développement de réacteurs de fusion plus petits pourrait permettre une production d’énergie beaucoup plus propre et plus efficace, avec un moindre impact environnemental. Cela pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de l’énergie, en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles tout en répondant à la demande croissante d’énergie à l’échelle mondiale.
Les chercheurs derrière le projet SMART estiment que la génération de ce premier plasma marque le début d’une nouvelle phase opérationnelle pour le tokamak. Cette avancée devrait permettre d’accélérer les tests et l’optimisation du dispositif pour préparer la prochaine génération de réacteurs à fusion.
Des perspectives prometteuses pour la communauté scientifique
Selon le professeur Manuel García Muñoz, chercheur principal du projet SMART, « C’est une étape importante pour toute l’équipe, nous entrons dans la phase opérationnelle de SMART ». La communauté scientifique internationale suit de près les développements de SMART, et les chercheurs du monde entier s’attendent à tirer parti de cette avancée pour faire progresser la fusion nucléaire.
Le professeur Eleonora Viezzer, co-responsable du projet, a exprimé son enthousiasme : « Nous sommes tous très impatients de voir le premier plasma magnétiquement confiné et nous avons hâte d’exploiter les capacités du dispositif SMART avec la communauté scientifique internationale. » L’intérêt pour SMART dépasse les frontières, et les attentes sont grandes pour les prochaines étapes du projet.