La France annonce construire au moins six nouveaux réacteurs nucléaires dans les décennies à venir. Le Président Emmanuel Macron espère placer l’énergie nucléaire au centre des engagements du pays d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
L’énergie nucléaire, un renouveau français
Une stratégie énergétique ambitieuse
Le fournisseur d’énergie EDF doit construire et exploiter ces six nouvelles centrales qu’Emmanuel Macron annonce. Le chef d’État ajoute en outre que des dizaines de milliards d’euros de financement public vont soutenir ces projets. Cet investissement sert par ailleurs à protéger les finances d’EDF.
Le Président dévoile sa nouvelle stratégie nucléaire dans la ville industrielle de Belfort. Il déclare : « Ce dont notre pays a besoin, et les conditions sont là, c’est la renaissance de l’industrie nucléaire française ».
De surcroît, la France promet d’accélérer le développement du solaire ainsi que de l’éolien offshore. Les anciennes centrales nucléaires du pays doivent aussi gagner 50 ans de durée de vie supplémentaire. L’énergie nucléaire est au centre des préoccupations énergétiques du pays pour les 30 prochaines années.
Ces nouvelles ambitions cimentent un nouvel engagement français envers l’énergie nucléaire. Cette dernière représente historiquement un des piliers des prouesses industrielles du pays après-guerre.
Une adaptation aux objectifs énergétiques européens
La décision de Macron de prolonger la durée de vie des centrales existantes marque un revirement par rapport à ses engagements précédents. En effet, le Président prévoit initialement en 2017 de fermer plus d’une douzaine des 56 réacteurs d’EDF d’ici 2035.
Cette pensée, toutefois, se remodèle à la faveur des objectifs de neutralité carbone de l’UE d’ici trois décennies. Celles-là mettent l’accent sur les différentes formes d’énergies qui émettent moins, ou pas de gaz à effet de serre. L’énergie nucléaire fait partie de celles-ci.
La France est en effet un acteur majeur dans l’étiquetage de l’énergie nucléaire au sein de la nouvelle taxonomie verte de l’Union Européenne. Dans le cas d’une approbation des règles de cette taxonomie verte, les coûts de financement des projets nucléaires doivent baisser.
L’énergie nucléaire et les difficultés d’EDF
Un contexte financier défavorable
Ces annonces concernant l’énergie nucléaire interviennent à un moment difficile pour l’entreprise EDF. En plus de son endettement, celle-ci fait face à des retards et des dépassements budgétaires sur de nouvelles centrales en France et en Grande-Bretagne. D’autres de ses réacteurs vieillissants subissent aussi des problèmes de corrosion.
Les réacteurs EPR d’EDF ont une histoire mouvementée. Les projets EPR de Flamanville en France et de Hinkley Point en Grande-Bretagne ont par exemple des années de retard. Il s’y ajoute également des milliards d’euros de dépassements budgétaires. Les réacteurs EPR en Chine et en Finlande connaissent également des problèmes techniques.
EDF calcule le coût de six nouveaux réacteurs à environ 50 milliards d’euros, selon les conditions de financement. Le premier d’entre eux, une évolution du réacteur pressurisé européen (EPR), doit entrer en service d’ici 2035, déclare Macron. Des études pour huit autres réacteurs au-delà de la demi-douzaine de nouvelles centrales initiales doivent débuter, ajoute-t-il.
Macron déclare que l’État entend assumer ses responsabilités dans la sécurisation des finances d’EDF. Il indique que le gouvernement peut potentiellement injecter de nouveaux capitaux dans l’entreprise publique, qu’il détient déjà à 84 %.
Un contexte politique lui aussi défavorable
En outre, la sûreté nucléaire divise toujours l’Europe après la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011. Le groupe de campagne sur l’énergie renouvelable Association negaWatt accuse Macron d' »aggraver l’addiction de la France » à l’énergie nucléaire.
Le contexte géopolitique joue aussi son rôle. En effet, les inquiétudes relatives à la dépendance de l’Europe vis-à-vis du gaz russe persuadent les responsables français de l’importance de l’indépendance énergétique. En réponse, un certain nombre de pays européens, comme la Pologne ou encore l’Allemagne, émettent leurs réserves sur l’énergie nucléaire.
Enfin, le contexte électoral de la France aggrave pareillement les difficultés d’EDF. Pour lutter contre la hausse des prix de l’énergie, Macron ordonne au service public de vendre davantage d’électricité bon marché à ses rivaux. Cette décision, qui s’inscrit au sein du débat sur la baisse du pouvoir d’achat et du niveau de vie des Français, pèse sur EDF. En effet, on en estime le coût à 8 milliards d’euros sur les revenus de l’entreprise.
Pour l’heure cependant, le Président Macron assure que l’État entend prendre ses responsabilités vis-à-vis des engagements français. En conséquence, il aspire à surmonter ces difficultés conjointement avec EDF.