Plus d’une centaine de députés ont saisi mardi la Commission nationale du débat public (CNDP) pour réclamer la tenue d’un débat sur “la place du nucléaire dans le mix énergétique de demain”, ont annoncé les députés EELV à l’initiative de cette démarche.
Alors que la CNDP va lancer à compter de jeudi un débat sur la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires EPR 2, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, et qu’une autre concertation gouvernementale générale sur l’énergie a commencé le 20 octobre, les députés considèrent ces démarches comme “insuffisantes”.
Au total, 105 députés issus de cinq groupes politiques – EELV, LFI, PS, Modem (un seul député, Hubert Ott) et Liot (un député, Paul Molac) – ont saisi la CNDP, mais d’autres pourraient se rajouter, a indiqué la députée EELV de la Drôme Marie Pochon, à l’origine de la saisine, avec Julien Bayou. “Nous constatons que les espaces dédiés à un débat public sur les questions énergétiques sont largement insuffisants”, a-t-elle expliqué.
Cette saisie de la CNDP par des députés est “inédite”, a relevé Julien Bayou. Elle vise à réclamer qu’un “vrai débat puisse s’engager sur la question énergétique”, et pas seulement sur la décision, par le seul chef de l’Etat, de la construction de six nouveaux EPR.
Il a regretté le “schéma actuel”, où “un candidat dit dans un discours à Belfort, +on va faire six EPR de plus”, en bout de course l’Assemblée va le voter (…), et ensuite il y aura une consultation publique où les gens pourront décider si les cheminées seront de couleur blanc cassé ou gris ciment”.
“Nous proposons d’avoir un débat très en amont” de la loi de programmation sur l’énergie et le climat (LPEC), qui doit déterminer avant le 1er juillet 2023 les priorités d’actions de la politique énergétique nationale, pour “rendre le pouvoir de décision à la population”, a-t-il expliqué.
Pour Marie Pochon, la concertation gouvernementale sur l’énergie lancée le 20 octobre “n’offre pas les garanties de neutralité et d’indépendance suffisantes”.
La saisine de la CNDP “est salutaire, le gouvernement ne doit pas avoir peur du peuple”, a aussi souligné l’insoumise Clémence Guetté, tout en reconnaissant que tous les groupes signataires n’avaient pas la même approche du mix énergétique nécessaire.
“A la fin, nous ne voterons peut-être pas la même chose sur le nucléaire”, a aussi reconnu le socialiste Dominique Potier, mais “nous croyons en la science pour éclairer les débats”, citant “le foisonnement de production” des agences d’Etat, instituts et ONG.