Dans une déclaration du 18 juin, M. Sechin estime que le marché du pétrole se transforme. Les pays sanctionnés doivent payer un supplément au moment où les sanctions occidentales imposées à la Russie réduisent considérablement les flux de pétrole vers l’Europe. Pour éviter une pénurie, l’investissement des entreprises est une piste envisagée pour assurer une offre adéquate avec la demande. En outre, les sanctions sur le pétrole russe poussent à une modification dans les échanges avec des nouveaux moyens de paiement.
Un marché du pétrole bouleversé
Tout d’abord, M. Sechin met en avant le nouveau contexte du marché du pétrole. Il explique l’émergence d’un nouveau modèle.
» Nous observons déjà un mouvement vers une nouvelle configuration du marché pétrolier. Il y a la formation de deux modèles de prix. Un prix de marché équitable pour les pays amis. Une prime s’ajoute au prix pour les pays inamicaux pour amortir nos coûts associés à la violation des règles et des obligations par nos anciens partenaires. «
Ensuite, les pays non sanctionnés comme l’Inde et la Chine augmentent leurs importations de pétrole russe. Depuis le début de l’invasion, le 24 février, ils profitent d’importantes réductions de prix. Le principal brut russe, l’Oural, se négocie à des prix très bas ces derniers mois en raison des perturbations des exportations. Au 17 juin, l’Oural s’évalue à 80,695 $/b contre 120,575 $/b pour le Brent.
Enfin, cette transformation du marché du pétrole se remarque dans les propos de Vladimir Poutine du 17 juin. Il déclare que les prix élevés actuels du pétrole et du gaz sont le résultat des actions des États-Unis et des pays européens.
Stabiliser le marché par les investissements
Premièrement, la Russie estime qu’un recours accru aux contrats d’approvisionnement énergétique à long terme atténuerait les craintes d’un manque de pétrole. Cela donne aux entreprises russes des garanties qu’il y aura un marché pour leur production. Ainsi, il y a une facilité pour les investissements dans les grands projets à forte intensité de capital.
Deuxièmement, M. Sechin ajoute que les prévisions de croissance économique pour les pays en développement indiquent que la demande dépasse de 20 % celle de l’offre. Donc, pour éviter une pénurie de pétrole, il faut investir davantage. Cependant, il souligne que le contexte difficile et incertain fait que les grandes entreprises énergétiques réduisent leurs investissements.
De facto, le grand projet Vostok Oil de Rosneft dans l’est de la Russie est l’un des rares susceptibles de stabiliser les marchés des hydrocarbures. La société contrôlée par l’État prévoit une augmentation de la production de pétrole. L’objectif est d’atteindre 115 millions de tonnes, soit environ 2,3 millions de b/j en 2023.
L’essor des monnaies alternatives
Les sanctions contre la Russie accélèrent la tendance du pays à échanger des produits de base dans des monnaies autres que le dollar américain. M. Sechin dévoile qu’il y aura des changements dans le système financier mondial. De nouvelles monnaies de réserve mondiale émergeront pour payer le pétrole.
De plus, il pense que l’abandon par l’Europe du pétrole russe et la baisse de la compétitivité économique entraîne une fuite des capitaux. Par ce biais, l’euro chute par rapport au dollar.
» En interdisant les relations commerciales avec la Russie, l’Europe limite la circulation de sa monnaie. Cela réduit son attrait pour les paiements internationaux. «
Pour conclure, depuis le 1er avril, la Russie impose des contres sanctions. Les consommateurs européens doivent utiliser un mécanisme de paiement en roubles pour acheter du gaz russe. C’est une mesure en réponse à la saisie d’actifs russes à l’étranger. Cette stratégie conduira à un abandon des réserves monétaires au profit des ressources selon M. Poutine. Ce dernier estime que dans les gouvernements du monde entier, les craintes de saisies d’actifs augmentent.