Le pétrole Iranien n’a pas le vent en poupe. Alors que le pays espère un allègement courant septembre 2021 des sanctions internationales qui réduisent ces exportations, le secteur pétrolier semble en proie à de nombreuses interrogations.
Pétrole Iranien : fin de la commercialisation facile
Le secteur pétrolier Iranien demeure sous le joug d’un embargo amorcé par le président américain Donald Trump en 2018. Ces sanctions sont directement liées aux négociations sur le nucléaire d’Iran, rejetées en bloc par l’administration américaine lors du mandat de Donald trump.
Si l’élection de Joe Biden est porteur d’espoir pour un retour à la normale, le marché a grandement changé. En juin 2021, le sixième cycle de négociation sur le nucléaire iranien s’est terminé à Vienne sans arriver à un accord. Alors que les négociations sont bien avancées, les États-Unis maintiennent leurs exigences. Les Américains conditionnent en effet la levée des sanctions à un abaissement du niveau d’enrichissement de l’uranium Iranien.
Un marché différent d’avant l’embargo
Pour les experts du secteur pétrolier Iranien, l’ère de la “commercialisation facile” du pétrole est terminée pour l’Iran. Ce terme renvoie à la situation pré-embargo, où l’Iran était l’un des leaders incontesté des exportations pétrolières. Les autres producteurs et membres de l’OPEP ne se sont pas fait prier pour s’emparer des marchés abandonnés par l’Iran après 2018.
Ses principaux concurrents sont avant tout régionaux. Le secteur pétrolier Iranien s’est spécialisé dans la production de pétrole brut lourd et moyennement acide. Son principal grade d’exportation est l’Iran Light, d’une teneur en soufre d’1,46 % pour une gravité API de 33,6.
C’est un secteur concurrentiel, où sont présents la majorité des poids lourds du secteur pétrolier. On retrouve des pays producteurs comme la Russie ou le Venezuela. Mais aussi de nombreux alliés, membres de l’OPEP tel que l’Arabie Saoudite ou l’Irak.
L’OPEP augmente ses quotas
Pour l’instant, l’embargo international sur le pétrole Iranien n’est pas encore totalement levé. Si un allègement des sanctions est prévu, l’Iran devrait combler son retard sur les membres de l’OPEP. Ces derniers ont annoncé une augmentation des exportations pétrolières de 1,4%.
Cette augmentation intervient dans un contexte mondial de reprise économique. La crise sanitaire à fait largement chuté la demande en pétrole à travers le monde. L’atténuation de cette crise est actuellement assortie d’une flambée des prix de l’essence.
1 million de barils par jour en plus
Ces paramètres ont poussé les dirigeants de l’OPEP à prendre de nouvelles mesures afin de répondre à cette forte demande. Depuis le mois d’avril 2021, l’OPEP a augmenté sa production d’environ 1 million de barils par jour. La Russie et l’OPEP ont d’ores et déjà prévu d’augmenter leur production 400.000 barils par jours (bpj) par mois jusqu’à la fin 2022. Pour l’heure l’Iran suit timidement la tendance, avec une légère augmentation de 50.000 bpj.
L’allègement des sanctions est prévu pour septembre/octobre. Il devrait permettre de passer de 750.000 bpj en juillet à 1,3 million b/j en décembre et 1,7 million b/j en mars 2022. Toutefois, à la même date, la production de l’Opep augmenterait de 3,2 millions de barils par jour selon les estimations.
Un contexte international particulier
Actuellement, au sein de l’OPEP, les relations ne sont pas au beau fixe entre les principaux leaders de l’alliance. En effet, l’Arabie saoudite et les UAE se font face sur les questions d’augmentations des quotas de production. Leur désaccord paralyse pour l’instant le cartel pétrolier.
De son côté, l’Iran doit aussi affronter de nombreuses crises. Sociale tout d’abord, car l’économie du pays, reposant majoritairement sur l’exportation pétrolière, demeure miné par l’embargo. Internationale également, puisqu’elle est accusée par les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël d’avoir attaqué un tanker appartenant à une société israélienne.
Ces accusations sont niées en bloc par l’Iran. Cela assombrit quelque peu les perspectives d’allègement des sanctions internationales évoquées précédemment. De plus, l’élection du nouveau président ultra conservateur Raïssi interroge sur la teneur des futures discussions entre l’Iran et ses partenaires occidentaux.
L’Iran vers de nouveaux marchés
La National Iran Oil Company ( NIOC ) se tourne donc vers l’Asie afin de trouver de nouveaux marchés. Déjà lors de l’embargo, la Chine continue à continuer à se fournir en Iran pour son pétrole, tout comme le Venezuela.
Les dirigeants de la NIOC ont récemment annoncé que la compagnie d’état négocie actuellement avec des nouveaux partenaires d’Asie du Sud Est. Ces pays sont les Philippines, la Thaïlande ou encore le Vietnam. Ils viennent s’ajouter aux clients traditionnels asiatique que sont l’Inde, la Corée du Sud ou encore la Chine.
Le marché du pétrole iranien doit donc relever plusieurs défis au cours des prochains mois. Le pays doit se préparer à faire son retour dans un marché qui a grandement changé depuis sa mise sous embargo international en 2018. Elle doit également faire face à une concurrence toujours plus accrue, qui ne compte pas laisser de miettes.
Enfin, elle doit faire face à un contexte international qui demeure toujours particulier. Face à ces différents enjeux, la recherche de nouveaux partenaires en Asie est plus que jamais nécessaire.