Au Pérou, le premier ministre Guido Bellido annonce de futurs investissements dans le gaz naturel et l’hydroélectricité. Cette décision introduit la nouvelle politique qui vient de passer à gauche avec l’élection de Pedro Castillo. Le nouveau président projette ainsi de créer des entreprises publiques. Un changement radical pour le pays qui a cédé celles sous contrôle étatique ces dernières années.
Le Pérou fait un virage à gauche
Le Pérou a vu son gouvernement se fragiliser ces cinq dernières années, avec un enchaînement de présidents différents. C’est dans ce climat d’instabilité politique que le pays a vu aux dernières élections l’émergence improbable du parti de gauche radicale, Peru Libre. Une élection contestée par les groupes centristes et de droite.
Dès lors, la politique promise se met en place. Le premier ministre entend ainsi nationaliser de nombreux secteurs. Dont le gaz naturel, l’uranium, l’or, l’argent et les projets d’exploitation minière du lithium. Un choix justifié, quand Bellido accuse les entreprises privées de « piller » les richesses du pays.
1er défi : contenir l’inflation
En outre, durant son discours d’investiture le 28 juillet, le nouveau président Pedro Castillo a juré d’œuvrer « pour un pays sans corruption et pour une nouvelle Constitution ». Un engagement que Castillo doit tenir. Malgré un Congrès d’opposition politique et une difficile coopération avec le gouvernement présent. Difficile, certes, mais pour Bellido les inquiétudes ne sont que minimes : Castillo ne sera pas destitué.
Le nouveau gouvernement doit également faire face à un défi monétaire. La valeur de la monnaie nationale la Sol étant historiquement au plus bas. Une situation d’ailleurs aggravée par l’élection inattendue du nouveau président. Pour contrôler l’inflation et consolider sa monnaie, le Pérou a confié au Ministre de l’Économie Pedro Francke la charge d’un nouveau comité. Celui-ci devra “arrêter la montée du dollar” contre la Sol.
Nationaliser l’énergie : un investissement pas si public
Pour Bellido, miser sur le gaz naturel est une ressource stratégique qui a besoin d’une implication gouvernementale, tout comme les projets hydroélectriques. Une manière également de lutter contre le dérèglement climatique. Cependant, le pays reste majoritairement minier et 2ème producteur mondial de cuivre. Une production que le secteur privé reprendra en main.
Nationaliser le gaz a été présenté comme un investissement étatique nécessaire pour lutter contre la corruption désignée par Castillo. Cependant, Bellido s’est rapidement contredit en minimisant ces commentaires. Assurant que les investissements privés seraient respectés. Il a alors confirmé en interview l’implication de l’État dans des industries clés, une implication limitée à un certain degré.
Une implication nécessaire des acteurs privés
L’implication du gouvernement péruvien dans le gaz naturel pourrait avoir une implication signifiante du consortium Camisea. Qui représente le plus grand producteur de carburant du pays. Si le groupe argentin Pluspetrol conduit ce premier consortium, c’est Peru LNG qui derrière assure la liquéfaction du gaz. Une implication pour le gaz naturel qui dépasse rapidement le seuil étatique et implique plus d’acteurs du secteur privé.
Mais miser sur le gaz naturel représente une transition objectivement difficile. Bellido reconnaissant le pays comme étant « minier ». Il assume donc le rôle de la nouvelle administration d’améliorer les relations entre les entreprises minières et les communautés locales.
La contestation paysanne
Avec la promesse de Castillo de donner la priorité aux régions marginalisées Bellido a rapidement été envoyé pour aider à minimiser les conflits. Las Bambas, important gisement de cuivre, a notamment vu un conflit entre les miniers chinois de MMG LTD et les résidents. Ces derniers ont bloqué la route principale empruntée par le géant chinois en raison des camions qui ont détérioré les champs agricoles.
La visite de Bellido a amené à un accord avec les résidents qui ont accepté d’interrompre leur mobilisation pendant 60 jours. Une réaction qui suit les idées du président, pour qui « Nous devons avoir un dialogue, trouver un accord, nous n’imposerons rien ». Une idéologie possible quand on regarde les origines rurales et modestes de ce dernier : le président idéal face à la situation ?