Le plafonnement des prix du gaz russe ne sera pas adopté par l’UE. Elle n’est pas encore prête pour une telle mesure, pourtant supportée par de nombreuses nations. L’UE juge un plafonnement des prix peu réalisable à l’heure actuelle. Ainsi, Bruxelles entend se concentrer sur d’autres mesures afin de maîtriser la flambée des prix.
L’UE n’est pas convaincue par un plafonnement des prix du gaz russe
De fait, l’UE souhaite se tourner davantage sur la réduction drastique de la demande de gaz mais aussi l’accélération du plan REPowerEU. Pour rappel, ce plan comporte des mesures pour faire face aux perturbations sur le marché de l’énergie. Ainsi, il vise à réaliser des économies d’énergie, produire de l’énergie propre et diversifier les sources d’approvisionnement de l’UE.
En ce sens, la proposition d’un plafonnement des prix du gaz russe ne soulève pas beaucoup d’enthousiasme. Par ailleurs, celle-ci a déjà été refusée par la Norvège, principal fournisseur de gaz de l’UE.
Les ministres de l’énergie de l’UE tendent plutôt vers un plafonnement général des prix du gaz. Ceci, en parallèle avec la prise d’autres mesures dans le secteur de l’électricité.
Quelles décisions pour l’UE?
Lors du discours sur l’État de l’Union, Ursula von der Leyen a détaillé les mesures. De fait, l’accent est particulièrement mis sur la réduction de la consommation globale de l’électricité dans les pays de l’UE.
Une redistribution des recettes et une réduction de la demande d’électricité
En outre, pour pallier les obstacles que cette réduction de la consommation implique, la présidente de la Commission a proposé une mesure supplémentaire. Elle propose de plafonner les recettes des entreprises qui produisent à faible coût de l’électricité.
En ce sens, elle affirme:
« En ce moment, les bénéfices doivent être partagés et redirigés vers ceux qui en ont le plus besoin. Notre proposition lever plus de 140 milliards d’euros pour les États membres, pour amortir le choc directement. »
Par ailleurs, elle soutient la redistribution des bénéfices des grandes entreprises pétrolières, gazières et charbonnières. L’utilisation de ces taxes serait en faveur de l’aide aux ménages et aux entreprises en difficulté à travers l’Europe. Cela tout en ajoutant que ce sont des mesures de crise et qu’elles sont en cours d’examen. À ce jour, l’UE vise principalement la baisse des prix du gaz et la sécurité de l’approvisionnement.
TTF adapté et soutien aux entreprises et aux ménages en difficulté
La Commission s’engage également à travailler sur une référence plus représentative en matière de gaz. De fait, le marché actuel du gaz a évolué. Il existe un phénomène de passage d’importation de gaz par gazoduc à des quantités croissantes de GNL. Toutefois, la référence TTF n’a pas tété adaptée.
Aussi, la Commission européenne s’engage à soutenir les entreprises dans le secteur de l’énergie. Ces dernières, étant confrontées à de graves problèmes de liquidités sur les marchés, mettent en péril le système énergétique. Ainsi, l’UE prévoit d’encadrer les mesures d’aide afin de garantir la fourniture et l’égalité des conditions.
Se tourner vers les énergies renouvelables
Ursula von Der Leyen a également souligné l’importance de se défaire des combustibles fossiles en se concentrant sur le renouvelable. Elle déplore la dépendance au pétrole et les subventions accordées aux combustibles fossiles. Cette vision est d’ailleurs partagée par de nombreux acteurs, dont Antonio Guterres pour qui le monde va « dans la mauvaise direction« .
Toutefois, elle perçoit une possibilité d’aller de l’avant en changeant de paradigme et en se dirigeant vers des sources d’énergie propre.
En ce qui concerne le plafonnement des prix du gaz, la Présidente de la Commission a déclaré que la mesure était encore discutée. De fait, plusieurs obstacles semblent aller à l’encontre de cette mesure. Plusieurs États membres craignent qu’un plafonnement des prix du gaz importé ne mette en péril l’approvisionnement. Cela crée ainsi des divergences d’opinions sur l’utilité de cette décision.
De ce fait, plus de temps serait nécessaire pour étudier la solution du plafonnement des prix du gaz.
Une pression italienne et grecque
En revanche, l’Italie et le Grèce semblent fortement en faveur du plafonnement. Le sous-secrétaire italien aux affaires étrangères, Manlio Di Stefano, avait déclaré qu’il était urgent de plafonner les prix du gaz. Cela afin de soutenir les consommateurs, gravement impactés par la flambée des prix de l’énergie. Il avait ajouté que cette démarche constituerait une réponse logique à la hausse des prix provoquée par Moscou.
M. Di Stefano fait référence à la diminution de l’approvisionnement provenant de la Russie. Il déclare également:
« Les inquiétudes concernant l’approvisionnement en gaz pèsent sur les marchés européens de l’énergie, car Moscou réduit arbitrairement les flux de gaz pour faire monter les prix. »
Cela se rapporte à la situation actuelle inhérente à Nord Stream 1, actuellement à l’arrêt. Gazprom soutient que cet arrêt est dû à des soucis de maintenance. Toutefois, l’UE affirme que cela constitue une réponse directe aux sanctions adressées à la Russie pour l’invasion de l’Ukraine.
Manlio Di Stefano a aussi affirmé que l’Italie proposait déjà un plafonnement des prix du gaz depuis quelques mois. En ce sens, il reste convaincu que des mesures concrètes prises à cet égard permettraient de réduire les prix.
En parallèle, le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, souhaite une intervention temporaire sur le marché européen de gros du gaz. Il fait appel depuis mars 2022 car il estime que les prix actuels ne reflètent pas les forces normales du marché. Ainsi, il propose une intervention ciblée et temporaire afin de normaliser la situation et une adaptation du prix TTF.