Le Pakistan a annulé 21 cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) prévues avec la société italienne Eni, dans le cadre d’un contrat à long terme. Cette décision fait suite à une surcapacité de gaz sur le réseau national, causée par une baisse de la demande industrielle et une augmentation de la production d’énergie à partir de sources renouvelables.
Un document, daté du 22 octobre, et émis par Pakistan LNG Ltd. (PLL) à l’attention du ministère de l’Énergie, indique que 11 cargaisons prévues pour 2026 et 10 pour 2027 ont été annulées à la demande de la société de distribution Sui Northern Gas Pipelines Ltd. (SNGPL). Seules trois cargaisons — celles prévues pour janvier 2026, janvier 2027 et décembre 2027 — seront maintenues, afin de couvrir les besoins en gaz durant la période hivernale.
Des ajustements basés sur les clauses de flexibilité
Selon des sources proches du dossier, Eni a accepté ces annulations en raison des clauses de flexibilité prévues dans le contrat signé en 2017. Ce contrat stipule que la société italienne doit livrer une cargaison par mois jusqu’en 2032, avec la possibilité de rediriger les cargaisons vers d’autres marchés si nécessaire. La demande de GNL étant forte à l’échelle mondiale, les fournisseurs peuvent souvent réaliser de meilleures marges en vendant leurs cargaisons sur le marché spot plutôt qu’à travers des contrats à long terme.
La dernière cargaison livrée par Eni au Pakistan a été reçue au terminal de GasPort le 3 janvier, selon les données fournies par Kpler. Une autre source a indiqué que le Pakistan et Eni étaient parvenus à un accord pour suspendre toutes les livraisons de GNL en 2025.
Des discussions en cours avec le Qatar
Parallèlement, le Pakistan engage des négociations avec QatarEnergy concernant les conditions de livraison sous les contrats existants. Deux sources ont confirmé que ces discussions portent sur la possibilité de reporter certaines cargaisons ou de les revendre, selon les dispositions contractuelles. La semaine dernière, une équipe technique du Qatar a visité Karachi pour discuter de la programmation des futures cargaisons. Aucune décision finale n’a encore été prise.
Les contrats à long terme du Pakistan avec Eni et Qatar couvrent ensemble environ 120 cargaisons par an, dont neuf par mois proviennent de deux accords avec le Qatar. Cependant, cette année, les importations de GNL ont diminué, notamment en raison de l’augmentation de la production d’électricité à partir de sources renouvelables comme le solaire et l’hydroélectricité.
Un excédent de gaz sur le marché local
L’abaissement de la demande en gaz par les centrales électriques et les industries, qui produisent de plus en plus leur propre électricité, a créé un excédent sur le marché local. Ce surplus de gaz oblige le Pakistan à vendre à des prix réduits, à limiter la production nationale et à explorer des solutions telles que le stockage offshore ou la revente de cargaisons excédentaires.
Cette situation met en lumière les difficultés auxquelles le Pakistan est confronté pour gérer ses engagements contractuels à long terme tout en répondant à une demande intérieure en baisse. La gestion de cet excédent est désormais au cœur des priorités pour éviter des pertes économiques et assurer une gestion efficace de l’approvisionnement en gaz.