Lundi, 21 militants sont interpellés à Kampala, dont huit membres de communautés directement impactées par le projet pétrolier de TotalEnergies. Ils tentaient de déposer une pétition au Parlement ougandais et à l’ambassade de Chine, protestant contre le projet East African Crude Oil Pipeline (EACOP). Ce projet, d’une longueur de 1 443 kilomètres, vise à relier les gisements pétroliers du lac Albert, en Ouganda, à la côte tanzanienne. Les manifestants dénoncent les effets négatifs potentiels sur les économies locales et l’environnement.
Les arrestations interviennent dans un climat de tensions croissantes, marqué par des événements similaires. En juin, un militant contre ce même projet avait été retrouvé en mauvais état après plusieurs jours de disparition, affirmant avoir été détenu et maltraité par des militaires. Début août, la police ougandaise avait déjà procédé à l’arrestation de 47 personnes qui manifestaient pour les mêmes raisons.
Un projet aux enjeux économiques majeurs
Le projet pétrolier de TotalEnergies, réalisé en partenariat avec la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), représente un investissement de 10 milliards de dollars. Il inclut le forage de 419 puits dans le parc naturel des Murchison Falls, une zone reconnue pour sa biodiversité. Le projet s’inscrit dans la stratégie du gouvernement ougandais pour diversifier une économie principalement agricole, en exploitant les réserves pétrolières du lac Albert, estimées à 6,5 milliards de barils, dont 1,4 milliard sont actuellement récupérables.
Le président ougandais Yoweri Museveni soutient fermement cette initiative, qu’il considère comme une source clé de développement économique pour le pays. La coopération avec la Tanzanie et la CNOOC reflète également les enjeux géopolitiques, la Chine renforçant sa présence dans le secteur énergétique en Afrique, notamment via ce projet.
Dimensions géopolitiques et contestation locale
Ce projet ne se limite pas à son aspect économique, il s’inscrit également dans un cadre géopolitique plus large. La collaboration entre l’Ouganda, la Tanzanie et la CNOOC met en lumière les relations sino-africaines et les ambitions de la Chine sur le continent. Le projet EACOP est un exemple de cette dynamique, où les ressources naturelles de l’Afrique de l’Est deviennent un levier pour des partenariats internationaux stratégiques.
Cependant, les tensions autour du projet sont palpables. Les arrestations de militants illustrent la résistance locale face à ce développement, malgré les promesses de retombées économiques. Les défis pour les gouvernements impliqués sont nombreux, entre les attentes de développement et les préoccupations des populations locales et des défenseurs de l’environnement.