Ørsted a décidé de mettre fin au développement de son projet FlagshipONE en Suède. Ce projet, qui avait pour objectif de produire 55 000 tonnes métriques d’e-méthanol par an à partir de 2025, s’inscrivait dans une stratégie visant à répondre à la demande croissante de carburants alternatifs dans le secteur maritime. Ørsted avait acquis ce projet en 2022 et visait à produire de l’hydrogène vert à partir d’un électrolyseur de 70 MW, lequel aurait ensuite été combiné à du CO2 biogénique provenant de la centrale de Horneborgsverket pour produire de l’e-méthanol.
Cependant, plusieurs obstacles économiques ont conduit Ørsted à revoir sa position. Les coûts du projet ont largement dépassé les estimations initiales, tandis que les perspectives de commercialisation se sont avérées moins prometteuses que prévu. En particulier, la difficulté à sécuriser des contrats d’achat à long terme à des prix compétitifs a remis en question la viabilité financière du projet.
Réévaluation stratégique d’Ørsted
L’arrêt du projet FlagshipONE est le reflet des défis que rencontre le secteur des e-carburants, encore en phase de développement. Ørsted, tout en reconnaissant le potentiel des e-carburants à long terme, a dû se résoudre à prioriser des initiatives plus matures sur le plan technologique et économique. L’entreprise maintient ainsi son engagement envers l’hydrogène renouvelable, qu’elle considère comme un pilier essentiel pour l’avenir industriel européen, notamment dans des secteurs tels que l’acier et la chimie.
Les répercussions financières de cette décision sont significatives, avec des coûts d’annulation s’élevant à 300 millions DKK et des dépréciations de 1,5 milliard DKK. Ces chiffres illustrent les risques inhérents aux investissements dans des technologies encore émergentes. Le choix de recentrer ses efforts sur des projets d’hydrogène reflète une approche pragmatique face aux incertitudes du marché.
Impact sur le secteur des e-carburants
L’abandon de FlagshipONE par Ørsted souligne les difficultés rencontrées par les projets d’e-carburants dans un contexte de marché en évolution lente. La concurrence avec les carburants fossiles, dont les prix restent nettement plus bas, pose un défi supplémentaire à la rentabilité des e-carburants. Les évaluations de Platts pour le méthanol fossile, par exemple, montrent une différence de coût significative avec le méthanol vert, rendant ce dernier difficile à commercialiser à grande échelle.
Cette décision pourrait servir d’avertissement aux autres acteurs du secteur, incitant à une réévaluation des investissements dans des technologies similaires. Le marché des e-carburants devra surmonter des obstacles considérables avant de devenir une alternative viable aux carburants traditionnels.