Le groupe français Orano, spécialisé dans le cycle de l’uranium, a indiqué mardi ne plus être en mesure de joindre son représentant au Niger, à la suite d’interventions menées par les forces de l’ordre locales dans les locaux de ses filiales à Niamey. La société s’est déclarée « très préoccupée » par la situation, déjà fragilisée par la perte de contrôle opérationnel de ses entités nigériennes fin 2024.
Perquisitions dans les filiales minières
D’après les déclarations transmises à l’Agence France-Presse, des interventions ont eu lieu le 5 mai dans les bureaux de Somaïr, Cominak et Orano Mining Niger. Des équipements auraient été saisis par les autorités, ce qui empêche désormais l’accès aux sites pour les employés. Ces opérations, révélées initialement par Radio France Internationale, marquent une nouvelle escalade dans le différend opposant la société française au gouvernement militaire nigérien.
Orano rappelle que depuis la fin de l’année dernière, ses capacités de suivi sur le terrain sont fortement limitées. Le groupe affirme disposer d’une visibilité réduite sur les activités locales, les filiales concernées ne relevant plus de sa direction opérationnelle directe.
Relations détériorées avec Niamey
Le Niger constitue un site stratégique pour Orano, qui détient plus de 60 % de participation dans les sociétés Somaïr, Cominak (fermée depuis 2021) et Imouraren. Sur ce dernier site, dont les réserves sont estimées à 200 000 tonnes d’uranium, le permis d’exploitation a été retiré par les autorités nigériennes. Ces dernières critiquent la gestion du groupe, tandis qu’Orano a engagé deux procédures d’arbitrage international contre l’État.
La société indique qu’environ 1 300 tonnes de concentré d’uranium, pour une valeur estimée à 250 mn EUR ($267 mn), restent bloquées sur le site de la Somaïr, sans possibilité d’exportation. Cette immobilisation pèse sur les flux logistiques du groupe dans un secteur déjà sensible aux perturbations géopolitiques.
Contexte géopolitique instable
Les tensions entre Niamey et Paris s’inscrivent dans un réalignement stratégique plus large de la junte nigérienne, qui manifeste sa volonté de diversifier ses partenariats internationaux. Le régime militaire multiplie les signes d’ouverture vers des acteurs comme la Russie et l’Iran, au détriment des opérateurs français historiquement implantés.
Le groupe Orano a précisé poursuivre l’analyse des informations disponibles, tout en réaffirmant sa préoccupation concernant l’absence de contact avec son représentant local. Aucun détail supplémentaire n’a été fourni concernant l’impact de ces événements sur les arbitrages en cours.