Le groupe français Orano, spécialisé dans l’exploitation de l’uranium, a confirmé que plusieurs acteurs ont manifesté leur intérêt pour ses actifs miniers au Niger, tout en maintenant sa priorité sur les procédures d’arbitrage international en cours. L’entreprise, détenue à plus de 90 % par l’État français, a indiqué à l’AFP le 17 mai qu’elle reste « ouverte au dialogue » mais entend préserver ses intérêts et ceux de ses employés.
Trois filiales minières concernées par les offres potentielles
Depuis décembre 2024, Orano a perdu le contrôle opérationnel de ses trois filiales minières nigériennes : la Société des Mines de l’Aïr (Somaïr), la Compagnie Minière d’Akouta (Cominak), fermée en 2021, et le gisement d’Imouraren. Ce dernier, parmi les plus grands gisements d’uranium au monde avec environ 200 000 tonnes de réserves, a vu son permis d’exploitation révoqué par les autorités de Niamey en juin 2024. Malgré cette perte de contrôle, Orano conserve des participations majoritaires, supérieures à 60 %, dans ces entités.
Un stock d’uranium d’une valeur de €250mn bloqué
Le groupe a précisé qu’environ 1 300 tonnes de concentré d’uranium, d’une valeur marchande de €250mn ($271mn), restent bloquées sur le site de la Somaïr, sans possibilité de les faire sortir du pays. Une première procédure d’arbitrage contre l’État nigérien a été initiée fin décembre 2024, suivie d’une seconde en janvier 2025 après la perte de contrôle du site. Ces dossiers ont été confiés au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI).
Perquisitions et tensions croissantes sur le terrain
Les tensions ont été exacerbées début mai lorsque les forces de sécurité nigériennes ont perquisitionné les bureaux d’Orano à Niamey. L’entreprise a signalé ne plus avoir de contact avec son représentant local. Le 13 mai, la direction a confirmé que du matériel informatique ainsi que les téléphones portables de l’ensemble du personnel avaient été saisis, et que les directeurs des filiales avaient été interrogés sur place. Orano a saisi le procureur de la République du Niger pour dénoncer une arrestation arbitraire et une détention illégale.
Production mondiale maintenue malgré les pertes locales
Malgré les difficultés rencontrées au Niger, Orano a maintenu une activité soutenue sur ses autres sites. En 2023, le groupe a produit plus de 7 100 tonnes d’uranium à partir de ses exploitations au Canada, au Kazakhstan et au Niger. En février 2025, l’entreprise a annoncé un bénéfice net de €633mn ($687mn) pour l’année 2024, en forte hausse par rapport aux €217mn enregistrés en 2023, sur un chiffre d’affaires de €5,87bn ($6,38bn), en progression de 23 %.