Il a été décidé un assouplissement très limité de l’offre de pétrole sur le marché, alors que beaucoup d’incertitudes régnaient avant la réunion, compte tenu de la hausse du prix du pétrole.
L’OPEP+ face à une situation tendue avant la réunion
2,3 milliards de barils retenus depuis avril 2020
L’OPEP+ et ses pays membres ont retenus plus de 2,3 milliards de barils de pétrole entre avril 2020 et fin janvier 2021. Il s’agissait de baisser l’offre, par rapport à la demande, celle-ci étant largement affectée par la crise sanitaire. Le marché se rééquilibrait.
En janvier, le leader de facto de l’OPEP+, l’Arabie Saoudite, a décidé de réduire sa production de pétrole de 1 million de barils par jour en plus. Les autres États, tels que le Nigéria, avaient suivi. La réunion a d’ailleurs commencé par des félicitations à l’égard du Nigéria pour avoir compensé la totalité de ses volumes surproduits.
Le baril de Brent à plus de 67 USD$
Durant la réunion de l’OPEP+, il a été reconnu que le marché était globalement en amélioration. Cela s’explique notamment par la mise en œuvre des programmes de vaccination et des mesures de relance dans les principales économies. En effet, le pétrole brut Brent, référence mondiale du pétrole, a fait un bond de 5 % à la bourse, passant au-dessus des 67 USD$/baril.
Demande de 96,4 millions b/j en 2021
L’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) prévoit que la demande mondiale de pétrole augmentera de 5,4 millions de b/j en 2021 pour atteindre 96,4 millions de b/j. Cela permettrait de récupérer environ 60 % du volume perdu à cause de la pandémie. Selon l’OPEP+, la demande augmentera au cours du second semestre de cette année, à mesure que de nouveaux vaccins seront administrés.
Néanmoins, la reprise de la demande du pétrole, lié à l’augmentation du prix du baril fait naître des divergences au sein même de l’OPEP+. Alors que l’Arabie Saoudite s’est toujours montrée prudente, la Russie souhaite, elle, augmenter l’offre.
L’Arabie Saoudite retient sa production jusqu’en avril 2021
Ainsi, au début de la réunion de jeudi, on s’attendait à ce que l’Arabie Saoudite mette fin à sa réduction volontaire. Néanmoins, le Royaume a décidé qu’il continuerait à empêcher le marché de s’approvisionner jusqu’au mois d’avril.
Décision : faible relance de l’offre
Prudence face au Covid-19
La reprise du pétrole fut largement nuancée, notamment par l’Arabie Saoudite, lors de la réunion de l’OPEP+. Le royaume a mis en garde les pays participants sur la nécessité de rester vigilants et flexibles, compte tenu des conditions incertaines du marché. En effet, le coronavirus n’a pas été battu et les variants se développent dans plusieurs endroits du monde.
Lors de cette réunion, il a été rappelé les difficultés qu’a traversé l’Inde, troisième économie d’Asie. Ce rappel servit à inviter les pays à la plus grande prudence. Le ministre du pétrole et du gaz naturel indien, Dharmendra Pradhan, a invité l’OPEP+ à tenir compte « de la reprise fragile de l’économie mondiale, en particulier dans les pays en développement ».
Maintien de l’offre et augmentation en Russie et au Kazakhstan
La reprise des prix a conduit à l’espoir qu’il y aurait un certain relâchement des mesures de réduction de la production. C’est ce qui était voulu par des pays comme la Russie.
Au cours de la réunion, les parties ont discuté de la possibilité de restaurer jusqu’à 1,5 millions b/j de production. Mais finalement, elles ont convenu de se maintenir aux niveaux actuels, à l’exception de la Russie et du Kazakhstan. Ces deux pays seront autorisés à augmenter respectivement leur production de 130.000 et 20.000 b/j.
Quelle suite ?
Perspectives incertaines de la demande
L’OPEP+ voit clairement une amélioration des fondamentaux du marché pétrolier. Cependant, elle est toujours consciente du fait que les perspectives de la demande sont très incertaines et semble donc adopter une approche plus prudente.
L’OPEP+ ne pense pas que la production pétrolière américaine sera en mesure de répondre à la hausse des prix, du moins pas dans un avenir proche. Elle croit donc pouvoir pousser les prix encore plus hauts, sans risque de perdre des parts de marché. De plus, la pression politique des États-Unis sera probablement moindre, le Président Trump étant désormais hors fonction.
Marché plus tendu que prévu
En raison de l’absence d’assouplissement, le marché sera plus tendu que prévu dans les mois à venir, ce qui devrait entraîner une hausse des prix. Toutefois, le groupe doit se réunir le 1er avril, et il est difficile de voir comment il pourrait justifier le maintien des niveaux de production actuels. La pression au sein du groupe ne fera que s’accroître pour augmenter la production dans le contexte actuel des prix.
Objectif : maintenir le niveau de prix
Compte tenu de la dernière décision de l’OPEP+, il ne serait pas surprenant que le Brent dépasse les 70 USD$/baril avant la prochaine réunion de l’OPEP+. En supposant qu’ils décident de commencer à assouplir leur politique à ce moment-là, cela devrait apporter une certaine stabilité au marché.
En somme, alors que le cours du pétrole remonte fortement, l’OPEP+ se montre toujours très prudente. Les cicatrices de la crise sont toujours présentes, et l’organisme ne veut pas précipiter un retour de la production, qui pourrait faire baisser les prix de nouveau.