Le nucléaire français et ses 32 réacteurs de 900 MW d’EDF vont pouvoir être exploités 10 ans de plus que les 40 ans initialement prévus. L’ASN vient en effet de donner son feu vert à la prolongation de leur durée de vie.
Cet avis très attendu est intervenu au moment où de nombreuses centrales nucléaires d’EDF, construites dans les années 1970 et 1980, arrivent en fin de vie. Ces réacteurs sont justement les plus vieux du parc français. Leur maintien sera donc soumis à certaines conditions.
En parallèle, l’ASN a rendu son avis sur la gestion des anciens sites miniers d’uranium.
Le nucléaire français : 10 ans supplémentaires pour les plus vieux réacteurs du parc
L’ASN rend un avis favorable à la prolongation des réacteurs 900 MW d’EDF
Le nucléaire français et ses 32 réacteurs de 900 MW d’EDF sont en train de passer leur 4ème examen périodique de l’autorité de sureté nucléaire (ASN). À l’heure de la clôture de la phase générique de l’examen, l’ASN a rendu son avis : les 32 réacteurs examinés vont pouvoir être exploités 10 ans de plus.
Cet avis de l’ASN a clôturé la phase générique du processus d’examen qui couvre les éventuelles modifications des installations communes à tous les réacteurs de 900 MW. La prochaine étape consistera à identifier au cas par cas les modifications à apporter aux réacteurs, suivant leurs spécificités. La première évaluation est prévue pour le réacteur Tricastin 1, dans le sud de la France, en 2022.
EDF devra alors produire des rapports annuels sur les actions entreprises pour respecter les modifications requises dans les délais prescrits, pour chaque réacteur. Également, l’ASN a demandé que les rapports sur les modifications soient rendus publics.
Une durée de vie théoriquement infinie ?
Prévus initialement pour être exploités 40 ans, ces réacteurs vont donc pouvoir être exploité 50 ans. Mais encore faut-il que le gouvernement prenne acte de l’avis positif de l’ASN. Car en France, si l’ASN rend avis, le pouvoir de décision en matière nucéaire revient au gouvernement.
L’autorisation gouvernementale est ensuite valable sans limite de temps. Théoriquement donc, un réacteur nucléaire pourrait fonctionner indéfiniment. Mais à une seule condition. Que tous les 10 ans suivant l’examen périodique précédent, un nouvel examen périodique actualise les études de conception et relève la nécessité ou non de remplacement de matériels.
En parallèle, l’ASN a rendu un avis sur la gestion des anciens sites miniers d’uranium.
L’ASN rend son avis sur la gestion des anciens sites miniers d’uranium
Gérer le suivi des 250 sites d’anciennes mines d’uranium ou de stockage de résidus
L’ASN a également rendu son avis sur la gestion des anciens sites miniers d’uraniums. En effet, l’exploitation des mines d’uranium en France, entre 1948 et 2001, a permis de produire 76.000 tonnes d’uranium. Ces activités concernent environ 250 sites de tailles très hétérogènes.
Le ministre chargé de l’Énergie (pas de titulaire actuellement : sous l’égide du ministère de la Transition Écologique) a donc saisi l’ASN afin qu’elle émette un avis sur la gestion des anciens sites miniers d’uraniums. L’ASN devait aussi remettre des recommandations à Orano Mining (ex-Areva). L’objectif est ici d’améliorer la gestion des anciennes mines d’uranium et des stockages de leurs résidus. Ce que l’on appelle les « stériles miniers », ne pouvant être exploités mais néanmoins irradiés.
Débat public mené en 2019
Un débat public sur le sujet fut mené courant 2019. Les sites de stockages de résidus de traitement miniers d’uranium ont été considérés comme « installations classées pour la protection de l’environnement » (ICPE). Ce changement soumet alors ces sites à certains articles du code de l’environnement.
Également, les déchets stériles miniers qui étaient disséminés dans le domaine public ont été repris. Le débat a aussi souligné l’importance de créer un dialogue local. L’objectif étant de permettre de mieux prendre en compte les conséquences de ces sites sur le long terme.
L’ASN a aussi rappelé l’importance d’évaluer les impacts des stockages de résidus à long terme. Également, de les gérer avec une méthodologie acceptée par toutes les parties prenantes.
Enfin, l’ASN estime nécessaire la mise en place d’un sous-groupe de travail méthodologique. Il s’attachera à mettre à jour la méthodologie d’évaluation à long terme. Il devra également permettre d’associer les acteurs locaux.
Avis sur le problème du traitement des eaux
L’ASN a également tenu à émettre un avis sur la question du traitement des eaux. Sur ce point, comme sur les autres, elle recommande l’utilisation d’une méthodologie reconnue par toutes les parties prenantes. Les acteurs locaux revêtent en effet une grande importance.
L’ASN recommande à ce que soit identifier les zones d’accumulations de sédiments dans les rivières ou les lacs en aval des sites miniers d’uranium. Après cette identification, une gestion pérenne devra être mise en place.
En somme, l’avis de l’ASN sur la poursuite des réacteurs nucléaires français pour 10 ans de plus ne va pas sans contrainte. Des rapports annuels devront être effectués sur chaque réacteur, et les problématiques de gestion des résidus et de l’eau devront être prises en compte avec des acteurs locaux.
Cet avis s’inscrit également dans un climat politique particulier au sujet du nucléaire français. Entre sécurité énergétique et gestion des risques sanitaires, le nucléaire divise l’opinion publique à l’approche des futures échéances électorales. Dans le même temps, plus d’une cinquantaine de réacteurs nucléaires sont en construction à travers le monde.