La renaissance du nucléaire dans un contexte d’urgence climatique offre une lueur d’espoir. Les nations cherchent désespérément des alternatives aux combustibles fossiles, et l’énergie nucléaire, malgré son passé controversé, réapparaît comme une option viable. Cependant, le dernier rapport du WNISR, analysant les tendances et les statistiques du secteur, révèle une réalité complexe. Avec 407 réacteurs en opération dans 32 pays, la scène nucléaire mondiale semble dynamique. Pourtant, ces chiffres représentent une légère baisse par rapport aux années précédentes, avec 4 unités de moins qu’en 2022 et 31 de moins qu’au pic de 2002. Cette réduction indique non seulement un ralentissement, mais aussi les défis inhérents à la maintenance de flottes vieillissantes et à la mise en place de nouvelles capacités.
Construction de Réacteurs : Un Monopole de Puissances
L’expansion du nucléaire est, de manière préoccupante, fortement concentrée. Entre décembre 2019 et mi-2023, 28 nouveaux réacteurs ont commencé leur construction. Cependant, cette croissance est presque exclusivement le fait de deux acteurs : la Chine et la Russie. La Chine, avec son ambitieux programme de développement nucléaire, et la Russie, à travers son géant Rosatom, dominent le paysage de la construction de réacteurs. Cette concentration géopolitique pose des questions sur la diversité et la résilience du marché nucléaire mondial. Alors que d’autres pays comme la France, le Royaume-Uni, et les États-Unis contribuent modestement, avec quelques projets chacun, la prédominance de la Chine et de la Russie soulève des inquiétudes quant à l’équilibre du pouvoir et à la dépendance technologique dans le secteur.
Les Défis du Renouveau Nucléaire
Le rapport du WNISR met en lumière plusieurs défis auxquels le secteur nucléaire est confronté. Premièrement, la gestion des flottes vieillissantes pose un risque accru de défaillance et de coûts de maintenance élevés. De plus, le secteur est marqué par des retards chroniques et des dépassements de coûts significatifs dans les nouveaux projets de construction. Cette tendance est illustrée par des projets comme l’EPR de Flamanville en France, qui a connu des retards et des dépassements de coûts notoires. Le rapport de 549 pages décrit un secteur en lutte pour maintenir sa pertinence et sa compétitivité face à des alternatives énergétiques en rapide évolution, comme les énergies renouvelables. L’objectif ambitieux de tripler la production nucléaire d’ici 2050, souvent cité dans les cercles politiques et industriels, est jugé « très irréaliste » par les auteurs du rapport, compte tenu de ces obstacles.
Le rapport du WNISR offre un aperçu équilibré de l’état actuel du secteur nucléaire. Bien que l’énergie nucléaire ait retrouvé une certaine faveur dans le contexte de la crise climatique, son expansion future est loin d’être assurée. Les défis structurels, les retards de construction, les coûts élevés et la concentration géopolitique de la production limitent son potentiel de croissance. L’avenir du nucléaire, bien que prometteur en théorie, reste incertain et dépendra de la capacité du secteur à surmonter ces obstacles.