L’European Union a annoncé un ensemble de sanctions ciblant directement les exportations énergétiques et technologiques de la Russie. Ces mesures visent à entraver les capacités logistiques et financières du pays, tout en préservant les approvisionnements en gaz naturel pour les États membres de l’EU.
Renforcement des Sanctions Technologiques
Les nouvelles sanctions incluent une interdiction du transbordement de GNL dans l’EU. Cette interdiction vise à compliquer la logistique des exportations de gaz russe, particulièrement celles en provenance de l’Arctique. Les méthaniers brise-glace utilisés pour transporter le GNL en hiver ne pourront plus livrer ce gaz aux ports européens tels que Zeebruges en Belgique ou Montoir-de-Bretagne en France. Cela limite la capacité de la Russie à réexporter ce gaz vers le marché asiatique, notamment la Chine. Ces mesures sont conçues pour resserrer le filet des sanctions existantes, en empêchant la Russie d’accéder à des technologies critiques. La présidente de l’European Commission, Ursula von der Leyen, a souligné que ce paquet privera la Russie de revenus supplémentaires dans le secteur de l’énergie, crucial pour son économie.
Limitation des Cargos Fantômes et du Système SPFS
En plus des restrictions sur le GNL, l’EU vise à limiter l’utilisation par la Russie de cargos « fantômes » qui contournent les sanctions en vigueur sur les exportations de pétrole. Le système de transactions financières SPFS, mis en place par la Russie après son exclusion du système SWIFT, est également ciblé par ces nouvelles mesures. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, l’EU a adopté treize paquets de sanctions. Ce quatorzième paquet a été particulièrement difficile à négocier, notamment en raison des réticences de certains États membres comme l’Allemagne. Berlin, principal exportateur européen, a finalement accepté un compromis après des semaines de discussions intenses.
Obligations de Suivi des Biens
Pour accroître l’efficacité des sanctions précédentes, l’European Commission a proposé de renforcer les obligations de suivi des biens commercialisés par les entreprises européennes. L’objectif est d’éviter que ces biens ne se retrouvent en Russie via des entreprises de pays tiers. Les produits à usage civil, comme les microprocesseurs, sont particulièrement surveillés car ils peuvent être utilisés pour fabriquer des armes. Certains pays voisins de la Russie sont soupçonnés de servir de plateformes de réexportation de produits occidentaux vers Moscou. Ces mesures visent à bloquer ces circuits de réexportation et à rendre plus difficile pour la Russie l’accès à ces technologies. En dépit de ces nouvelles sanctions, certains pays européens, encore dépendants des livraisons de gaz russe, ont insisté pour que les volumes de gaz naturel fournis à l’EU ne soient pas réduits. Ce compromis était essentiel pour obtenir un consensus au sein de l’EU.
La mise en place de ces sanctions reflète la détermination de l’EU à affaiblir les capacités économiques et militaires de la Russie tout en maintenant l’unité des États membres face à la guerre en Ukraine.