Le nouveau pétrole pourrait être l’hydrogène vert en Arabie Saoudite. Cette énergie est actuellement en plein essor dans le monde, vue comme l’une des solutions pour réaliser les objectifs de décarbonisation. L’Arabie Saoudite parie d’ailleurs sur cette ressource pour créer sa nouvelle ville futuriste : Néom.
Un nouveau pétrole pour alimenter la ville de Néom
La nouvelle ville de Néom doit être construite le long de la mer rouge, au bord du désert de l’Arabie Saoudite. L’Etat a investi plus de 500 milliards de dollars pour développer une cité reposant sur des technologies avancées qui accueillera un million de personnes. L’Arabie Saoudite parie, non pas sur le pétrole, mais sur l’hydrogène vert, neutre en carbone, pour alimenter ce projet gourmand en électricité.
Une nouvelle usine d’hydrogène pour alimenter Neom
La grande compagnie gazière américaine, Air Products & Chemicals, a annoncé qu’elle construisait depuis quatre ans une usine de production d’hydrogène vert en Arabie Saoudite dans le cadre de ce projet. L’usine est alimentée par quatre gigawatts d’électricité provenant de projets éoliens et solaires qui s’étendent dans le désert. Cependant d’autres projets sont à l’étude.
Le Moyen-Orient possède actuellement des ressources d’énergie éolienne et solaire de grande qualité, à moindre coût, comme le site de Sakaka de 300 MW. Une opportunité pour ce nouveau projet qui pourrait propulser l’Arabie Saoudite au rang de leader en matière d’hydrogène vert.
Koch Blank, responsable du programme « Breakthrough Technology » du Rocky Mountain Institute a déclaré :
« L’Arabie saoudite dispose d’une énergie renouvelable ridiculement bon marché. Le soleil brille de manière assez fiable tous les jours et le vent souffle de manière assez fiable toutes les nuits. Il est difficile à battre ».
Une énergie importante pour la transition énergétique
L’hydrogène vert pourrait être une source d’énergie idéale pour les industries à forte intensité énergétique comme la fabrication du béton et de l’acier, ainsi que pour les transports maritime et aérien. Cependant Airbus a souligné les nombreux problèmes de stockage liés à l’utilisation de cette énergie. Ce dernier pense, cependant, que l’hydrogène pourrait faire voler des avions en 2035. Roxana
Bekemohammadi, directrice exécutive de la Western States Hydrogen Alliance a souligné :
« Les piles à combustible à l’hydrogène alimenteront l’avenir de la mobilité sans émissions dans ces secteurs de véhicules lourds et difficiles à électrifier. Ce fait est incontestable. »
Le nouveau pétrole pour une nouvelle « ruée » vers l’hydrogène vert
De nombreux États sont actuellement intéressés par cette énergie. L’Union Européenne et l’Allemagne ont notamment alloués de grands investissements pour développer cette énergie sur leur territoire.
Un consortium australien a aussi développé des entreprises d’hydrogène vers Singapour, grâce à 1 743 grandes turbines éoliennes et 30 miles carrés de panneaux solaires. Cependant, pour le hub « Asian Renewable Energy Hub » le gaz ammoniac pourrait être plus simple à exporter que l’hydrogène. Le Japon a lui aussi développé sa propre entreprise d’hydrogène vert à Fukushima.
Seul les États-Unis sont à la traine en la matière malgré le développement de projet d’hydrogène en Utah, dans la Californie et le Nevada. En effet, le gaz naturel est encore beaucoup moins cher et attractif.
L’hydrogène : Un nouveau pétrole encore limité
Actuellement, la production d’hydrogène repose encore sur les énergies fossiles et n’est donc pas respectueuse du climat. En effet, pour alimenter les usines d’électrolyse qui sépare l’eau en hydrogène et en oxygène, il faudrait agrandir massivement la production d’énergie renouvelable. BloombergNEF estime que pour produire suffisamment d’hydrogène vert pour répondre à un quart des besoins énergétiques mondiaux, il faudrait un investissement de 11 milliards de dollars dans la production et le stockage.
L’hydrogène est aussi difficile à stocker et à transporter sans pipeline. Michael Liebreich, analyste de Bloomberg New Energy Finance au Royaume-Uni a déclaré :
« Il n’existe pas dans la nature, il faut donc de l’énergie pour le séparer. Son stockage nécessite une compression à 700 fois la pression atmosphérique, une réfrigération à -253C… Il transporte un quart de l’énergie par unité de volume du gaz naturel… Il peut fragiliser le métal, il s’échappe par les plus petites fuites et oui, il est vraiment explosif ».
Finalement, même si l’hydrogène apparait comme un substitut au pétrole et parait avoir un fort potentiel, son utilisation reste limitée par de nombreux obstacles lié notamment à ses coûts de production.