Le gouvernement norvégien, par l’intermédiaire de l’agence Enova SF, a récemment annoncé un financement de 65 millions d’euros pour soutenir cinq projets de production d’hydrogène répartis le long de la côte norvégienne. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie du pays pour réduire les émissions de son secteur maritime en développant une chaîne de valeur de l’hydrogène. En renforçant les infrastructures locales, la Norvège espère inciter d’autres pays européens à suivre cette voie vers une énergie propre.
Une stratégie nationale pour l’hydrogène
Les projets financés par Enova visent à établir une capacité de production d’environ 100 mégawatts (MW), ce qui représenterait une production estimée à 40 tonnes d’hydrogène par jour. Situés dans des zones clés du littoral norvégien, ces projets bénéficient de soutiens financiers variables afin de favoriser une répartition équilibrée des capacités. Grâce à l’initiative “Production d’Hydrogène pour le Transport Maritime 2027”, le gouvernement norvégien cherche à créer les bases d’un réseau de production et de distribution d’hydrogène.
Projets de production soutenus et développement régional
Le programme Enova a retenu cinq projets majeurs :
1. GreenH à Slagentangen (10 MW) : avec une subvention de 144 millions de NOK, en partenariat avec Grieg Edge et Esso Norge.
2. Kaupanes Hydrogen à Egersund (20 MW) : collaboration avec Hydrogen Solutions, Dalane Energi et Eigersund Naering og Havn, financée à hauteur de 206 millions de NOK.
3. HyFuel à Floro (20 MW) : projet porté par Hydrogen Solutions, Fjord Base et Sogn og Fjordane Energi, bénéficiant de 180 millions de NOK.
4. GreenH à Kristiansund (10 MW) : financé par 118 millions de NOK.
5. GreenH à Bodo (20 MW) : bénéficiant d’une aide de 128 millions de NOK.
Ces initiatives visent à mettre en place un réseau d’approvisionnement accessible pour les acteurs du transport maritime. En répartissant les sites de production sur le territoire, la Norvège souhaite garantir un accès optimal à l’hydrogène pour l’ensemble de son littoral.
Alignement avec les objectifs climatiques de la Norvège
Le soutien de la Norvège aux projets hydrogène illustre sa détermination à atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris. Le secteur maritime, responsable d’une part importante des émissions du pays, est au cœur de cette stratégie de décarbonation. La transition vers l’hydrogène comme source de carburant est vue comme une solution essentielle pour réduire l’empreinte carbone des activités maritimes. Tore O. Sandvik, ministre norvégien de l’Environnement, a salué cette initiative en soulignant son potentiel pour inciter d’autres pays européens à prendre des mesures similaires.
Les ambitions économiques et industrielles
Outre l’aspect écologique, cette stratégie vise aussi à stimuler l’économie locale. En soutenant ces projets, la Norvège favorise le développement de nouveaux emplois et encourage les investissements privés dans le secteur de l’hydrogène. Chaque projet générera des emplois dans les régions côtières concernées et devrait attirer des fournisseurs et des services auxiliaires.
Le positionnement de la Norvège sur le marché européen
La Norvège, en investissant dans l’hydrogène pour le transport maritime, espère se positionner en leader dans le cadre de l’économie européenne de l’hydrogène. Le marché de l’hydrogène est prioritaire dans la stratégie de décarbonation de l’Union européenne, et la Norvège pourrait devenir un partenaire privilégié pour les pays voisins en quête de carburants propres. En établissant des infrastructures de production d’hydrogène avant d’autres pays, elle acquiert un avantage stratégique et technologique sur le marché européen.
Les défis à relever pour l’hydrogène maritime
Malgré ces avancées, la production d’hydrogène à grande échelle reste coûteuse, et les infrastructures nécessaires pour sa distribution et son utilisation dans le transport maritime sont encore limitées. Le gouvernement norvégien, via Enova, couvre jusqu’à 80 % des coûts de ces projets, mais des défis subsistent quant à la viabilité économique à long terme. D’autres aspects, comme la mise en place d’une réglementation claire pour le stockage et la sécurité de l’hydrogène, devront être abordés.