La neutralité carbone est aujourd’hui un objectif planétaire. Les pays tentent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin de lutter contre le réchauffement climatique. L’objectif est de s’assurer que le réchauffement climatique reste a 2°C d’ici 2100 prévu par les accords de Paris.
La neutralité carbone doit être atteinte dans les années à venir, plus tard, il sera trop tard!
Les pays réduisent les niveaux de CO2 pour aider à prévenir les changements climatiques incontrôlables et s’assurer que le réchauffement de la planète demeure « bien en deçà » de 2°C d’ici 2100, comme le prévoit l’Accord de Paris de 2015.
Le Bhoutan en Asie du Sud et le Suriname en Amérique du Sud sont les seuls pays qui absorbent déjà plus de gaz à effet de serre qu’ils n’en émettent.
En octobre 2018, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies a affirmé que pour avoir une chance de 50 % de contenir le réchauffement planétaire, les émissions mondiales doivent atteindre l’objectif de zéro net d’ici 2050.
En février 2020, une analyse réalisée par l’Energy and Climate Intelligence Unit (ECIU), un groupe de réflexion basé à Londres, a montré que plus de 3§ milliards d’euros, soit environ 49 % du PIB annuel mondial, sont générés par des pays, des régions et des villes ayant un objectif de neutralité carbone réel ou prévu.
Lors de la publication des données, le directeur de l’ECIU, Richard Black, a déclaré qu’il était « extraordinaire que, à peine 18 mois après le rapport du GIEC, des pays, des régions et des villes représentant pratiquement la moitié du PIB mondial se soient fixé des objectifs compatibles ».
« La majorité de ces cibles ne sont que des cibles, mais elles montrent quand même à quelle vitesse les décideurs politiques saisissent la science et, dans le cas des villes et des régions, décident d’agir eux-mêmes lorsque leurs gouvernements nationaux ne le feront pas », a-t-il ajouté.
Quels pays ont un objectif de neutralité carbone acté ou sur le point de l’être législativement?
La Suède vise 2045 pour atteindre la neutralité carbone
En juin 2017, la Suède s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2045. C’est d’ailleurs le premier pays à légiférer pour s’assurer qu’elle devançait l’objectif de l’Accord de Paris.
Elle prévoit de réduire ses émissions absolues de 85% par rapport aux niveaux de 1990. Les 15% restants doivent être éradiqués par des investissements dans des projets contribuant à réduire la pollution en Suède et ailleurs dans le monde.
Le pays a passé plusieurs années à décarboner son secteur de l’énergie. En effet, il a augmenté son parc nucléaire et investit dans les sources d’énergie hydroélectrique. De plus, une taxe carbone a été imposée dans les années 1990 pour soutenir un virage des combustibles fossiles.
La militante suédoise pour le climat Greta Thunberg a gagné une reconnaissance internationale au cours des dernières années après avoir prononcé de nombreux discours et mené des manifestations de haut niveau appelant à une action accrue pour lutter contre le changement climatique.
Le Royaume-Uni se donne jusqu’à 2050 pour atteindre ses objectifs
L’ancienne Première ministre, Theresa May, a inscrit dans la loi l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 en juin 2019.
Ce faisant, la Grande-Bretagne est devenue le premier pays du G7 à s’engager dans la lutte contre le changement climatique à une telle échelle. En effet elle s’appuie sur son objectif précédent de réduire les émissions de 80 % au cours des trois prochaines décennies.
Dans le cadre de ses efforts, les émissions de carbone du Royaume-Uni ont diminué de 29 %. Ils ont atteint 354 millions de tonnes au cours des dix dernières années.
Toutefois, la Commission des changements climatiques (CCC), estime qu’elle n’atteindra pas ses deux prochains objectifs climatiques. Les progrès en matière de réduction des émissions devraient ralentir au cours des prochaines années.
La France évoque 2050
Peu de temps après l’annonce par le Royaume-Uni de ses ambitions en matière de changement climatique, la France a également annoncé, en juin 2019, une législation allant en ce sens d’ici 2050. Son objectif d’ici 2030 consiste à réduire la consommation de combustibles fossiles de 30% à 40%.
La France est un pays fortement dépendant de l’énergie nucléaire. Mais elle cherche à intensifier son développement de sources à faibles émissions de carbone et d’hydrogène renouvelable. Tout ceci en essayant d’éliminer progressivement les centrales au charbon d’ici 2022.
Des mesures sont prises pour améliorer environ 7,2 millions de ménages mal isolés dans le pays. En effet, le secteur du logement représente environ 45% de sa consommation d’électricité et 25% des émissions de carbone produites.
Le Danemark prévoit un objectif de neutralité carbone d’ici 2050
Le gouvernement danois s’est engagé par la loi à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 en juin 2019.
Le gouvernement souhaite mettre en place des objectifs contraignants de décarbonation. Le but est également de renforcer son ambition 2030 de réduire les émissions de 40 % sous les niveaux de 1990 initialement à 70 %.
Les chiffres publiés par la compagnie publique danoise Energinet montrent que 47 % de l’énergie du pays a été produite uniquement à partir de l’énergie éolienne en 2019.
Cette énergie renouvelable est un élément clé des plans de décarbonation du pays. Elle vise à garantir que son secteur de l’électricité soit exempt de combustibles fossiles d’ici 2030.
Nouvelle-Zélande souhaite atteindre ses objectifs avant 2050
La Nouvelle-Zélande a adopté une loi en novembre 2019 pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050.
Elle prétend être en bonne position pour atteindre l’objectif, avec 80% de l’électricité du pays provenant des énergies renouvelables. Le pays souhaite une élimination progressive du pétrole et du gaz prévue pour 2035.
Cependant, la proposition de gouvernement néozélandais est biaisée. En effet, elle n’inclut pas l’atteinte d’une neutralité carbone sur les émissions de méthane.
L’agriculture représente près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre de la Nouvelle-Zélande. Tandis que les émissions de méthane des animaux représentent environ un tiers de ses émissions totales.
Le pays a proposé de réduire ces émissions de 10 % sous les niveaux de 2017 d’ici 2030, puis de 24 % à 47 % d’ici 2050.
L’Allemagne légifère sur la neutralité carbone et souhaite l’atteindre avant 2050
La première grande loi sur le climat de l’Allemagne est entrée en vigueur en décembre 2019. Elle détaille les budgets annuels d’émissions spécifiques au secteur pour la prochaine décennie. Elle établie également une commission d’experts.
Ce projet a été soutenu par un ensemble de mesures comprenant une tarification du carbone pour les transports et les bâtiments, une élimination progressive controversée du charbon et un soutien aux véhicules électriques. L’introduction de la loi indique que l’Allemagne « poursuivra » la neutralité carbone d’ici 2050.
D’autres pays adoptent des positions stratégiques face à la neutralité carbone sans l’acter législativement
Le Canada vise 2050
Justin Trudeau a raflé un deuxième mandat de premier ministre en octobre 2019, sur un programme centrée sur l’action climatique. Il a promis de fixer un objectif net de zéro émission, avec des budgets carbone quinquennaux juridiquement contraignants.
Son Parti libéral n’ayant pas la majorité au Parlement, Trudeau devra négocier des ententes avec les petits partis pour adopter cette loi.
Trudeau a fait adopter une taxe sur le carbone tout en défendant des oléoducs controversés. Il continue de faire l’objet de pressions de la part des partis de gauche et des partis verts pour bloquer les pipelines et des provinces productrices de pétrole.
La Chine évoque 2060 pour assurer son engagement vis-à-vis des Accords de Paris.
La Chine, premier émetteur mondial, a annoncé son ambition de devenir neutre en carbone avant 2060 en septembre 2020 sans acte très concret.
Le Président Xi Jinping a déclaré que son pays cherchera à plafonner ses émissions « avant 2030 ». Il souhaite mettre en place des « politiques plus vigoureuses » pour faire progresser les contributions déterminées au niveau national (CDN) prévues par les Accords de Paris.
C’est la première fois que la Chine s’engage publiquement à atteindre un objectif à long terme en matière de neutralité carbone. Cela marque un tournant diplomatique important dans la lutte contre le changement climatique.
Selon l’analyse du groupe de réflexion britannique Carbon Brief, la libération d’environ 215 milliards de tonnes de CO2 pourrait être évitée au cours des quatre prochaines décennies si l’ambition de la Chine est mise en œuvre efficacement.
Bien que le pays soit peut-être le plus grand brûleur de charbon au monde et le plus grand marché pour les combustibles fossiles, il est également le principal constructeur d’énergies renouvelables et le plus grand investisseur mondial dans l’énergie propre. Ainsi, son engagement est d’autant plus important dans la lutte contre le changement climatique.
Le Japon s’engage également dans cette lutte et fixe des objectifs a éteindre en 2050
Le Japon s’est engagé à atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 en octobre 2020.
L’engagement du pays est important, car il est le cinquième plus grand émetteur d’émissions de carbone dans le monde. Il nécessitera un changement stratégique important de la production d’énergie au pays par rapport au charbon.
Auparavant, le Japon avait ciblé une réduction de 80 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, et la neutralité carbone devrait être atteinte « dès que possible » dans la seconde moitié du siècle.
Le charbon, le gaz et le pétrole dominent actuellement le bouquet énergétique du pays. L’atteinte de l’objectif d’ici 2050 nécessitera d’importants investissements dans les énergies renouvelables, ainsi que la réduction de la taille de son parc de charbon.
La Corée du Sud vise 2050
Deux jours après l’engagement du Japon, le président sud-coréen Moon Jae-in a promis que son pays atteindrait également la neutralité carbone d’ici 2050 lors d’un discours à l’Assemblée nationale en octobre 2020.
Il a déclaré que le pays d’Asie de l’Est, qui dépend fortement des combustibles fossiles pour alimenter son réseau électrique, mettrait fin à sa dépendance au charbon. Il le remplacerait par des énergies renouvelables dans le cadre du New Deal vert annoncé en juillet 2020.
L’Union européenne espère atteindre ses objectifs avant la moitié du 21ème siècle
La Commission européenne évoque l’objectif global d’une neutralité carbone avant 2050, dans le cadre d’un « accord vert » publié en décembre 2019. Il a été approuvé par le Conseil européen des dirigeants nationaux le même mois. La Pologne fut la seule voix dissidente, refusant de s’engager dans sa mise en œuvre. La stratégie à long terme a été présentée à l’ONU.
L’Accord de Paris de 2015 a fixé un objectif mondial d’atteindre l’objectif de neutralité carbone dans la seconde moitié du siècle.
De plus en plus de gouvernements transposent cela dans une stratégie nationale, établissant des visions d’un avenir sans carbone. Est-ce suffisant? Bien sûr que non. Mais c’est en train de devenir la référence en matière de leadership sur la scène mondiale.
Actuellement, seuls le Bhoutan et le Suriname sont négatifs en terme d’émission de gaz à effet de serre. L’exemple du Bhoutan est source d’espoirs pour les pays les plus pollueurs. Cependant il faut noter que la tache était bien plus facile pour ce pays avec une population de moins d’un millions d’habitants à faible revenu. Enfin, la présence sur la scène internationale de « climato-sceptiques » rend la tache d’autant plus compliquée, surtout quand ce scepticisme est exprimé par le dirigeant de la première puissance mondiale. L’élection du démocrate Joe Biden sonne peut être un renouveau en ce qui concerne l’engagement des Etats-Unis dans le lutte contre le changement climatique.