Le projet de redémarrage de la centrale nucléaire de Three Mile Island par Constellation Energy, avec le soutien financier de Microsoft, représente une étape clé pour le secteur énergétique américain. Fermée en 2019 pour des raisons économiques, l’Unité 1, désormais rebaptisée Crane Clean Energy Center, sera remise en service pour alimenter les centres de données de Microsoft avec une énergie propre, dans le cadre d’un accord de 20 ans. Ce partenariat permettra de générer 835 MW d’électricité décarbonée, tout en créant plus de 3 400 emplois directs et indirects. L’objectif est de redémarrer la centrale d’ici à 2028, après avoir modernisé des infrastructures critiques telles que les systèmes de refroidissement et les générateurs.
Un projet aux enjeux énergétiques et économiques
L’importance stratégique de ce projet réside dans le contexte énergétique actuel. La centrale de Three Mile Island, fermée en 2019, était autrefois un symbole de l’énergie nucléaire aux États-Unis, malgré l’accident survenu en 1979 dans l’Unité 2. Cependant, l’Unité 1, indépendante de cet incident, avait opéré de manière efficace, affichant un taux de disponibilité de 96 %, bien supérieur à la moyenne industrielle.
Constellation Energy prévoit d’investir massivement pour remettre en service cette infrastructure afin de répondre à la demande croissante d’électricité propre, notamment pour les géants technologiques comme Microsoft qui cherchent à atteindre leurs objectifs de neutralité carbone. L’augmentation des besoins énergétiques liés aux centres de données, particulièrement pour les technologies avancées comme l’intelligence artificielle, fait du nucléaire une solution viable à court terme, en complément des énergies renouvelables.
Modernisation et défis techniques
La réhabilitation de l’Unité 1 nécessite des travaux considérables. Les systèmes de refroidissement, ainsi que les tours de refroidissement de 113 mètres, doivent être entièrement modernisés. Constellation Energy prévoit également d’investir dans de nouvelles technologies pour améliorer l’efficacité de la centrale et assurer sa conformité aux normes de sécurité actuelles.
Le projet se heurte toutefois à des défis réglementaires. La Nuclear Regulatory Commission (NRC), ainsi que les autorités locales, devront approuver les différentes phases de remise en service. De plus, des questions environnementales sont soulevées, notamment la gestion des déchets nucléaires et l’impact de l’utilisation de l’eau de la rivière Susquehanna pour refroidir la centrale.
Opposition locale et soutiens politiques
Malgré les avantages économiques et énergétiques attendus, le projet fait face à une opposition importante de la part de militants écologistes. Ces derniers dénoncent les risques associés à la gestion des déchets nucléaires et à l’utilisation des ressources en eau. Toutefois, les partisans du projet, dont le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, soulignent son importance pour l’économie locale et pour atteindre les objectifs climatiques à long terme.
Un sondage récent montre que deux tiers des habitants de Pennsylvanie soutiennent la réouverture de Three Mile Island, en raison des emplois créés et des bénéfices économiques prévus pour l’État. Constellation Energy estime que le projet pourrait générer plus de 3 milliards de dollars en retombées économiques directes et indirectes.
Un modèle pour l’avenir du nucléaire
Ce projet s’inscrit dans une tendance plus large de renaissance du nucléaire aux États-Unis. Alors que le développement de nouveaux réacteurs, notamment les petits réacteurs modulaires (SMR), reste lent, la remise en service d’anciennes centrales apparaît comme une solution immédiate pour répondre à la demande croissante en électricité décarbonée.
L’exemple de Three Mile Island pourrait ainsi servir de modèle pour d’autres réacteurs fermés, tels que Palisades dans le Michigan, que les autorités envisagent de relancer. L’engagement de Microsoft dans cette initiative pourrait inciter d’autres entreprises technologiques à suivre le même chemin, renforçant l’intégration du nucléaire dans les stratégies énergétiques des grandes entreprises.