L’industrie pétrolière et gazière du Royaume-Uni, en particulier celle de la mer du Nord, se trouve à un tournant critique. Alors que le pays s’efforce de répondre à ses objectifs de réduction des émissions, les acteurs majeurs du secteur soulignent l’importance de maximiser le potentiel de cette région riche en ressources. Selon Offshore Energies UK, l’organisme représentatif de l’industrie, jusqu’à 13,5 milliards de barils équivalents de pétrole pourraient encore être extraits des eaux britanniques, ce qui soulève des questions sur la stratégie de décarbonation et la sécurité énergétique du pays.
Les préoccupations concernant une fermeture prématurée des opérations dans la mer du Nord sont de plus en plus pressantes. À l’approche d’une réunion sectorielle à Aberdeen, OEUK met en garde contre les conséquences d’une réduction trop rapide de la production. Les augmentations fiscales prévues, qui entreront en vigueur le 1er novembre, pourraient entraîner une perte de revenus fiscaux estimée à 12 milliards de livres sterling d’ici 2029. Cette situation pourrait compromettre la capacité du Royaume-Uni à répondre à ses besoins énergétiques, alors que la mer du Nord fournit environ la moitié de l’énergie du pays.
Impact des politiques fiscales sur l’industrie
La mer du Nord abrite des mélanges de brut emblématiques tels que Forties et Brent, qui jouent un rôle clé dans l’établissement du benchmark Dated Brent. Cependant, la production pétrolière a connu une chute significative, atteignant 642 000 barils par jour au deuxième trimestre 2024, soit une baisse de 9 % par rapport à l’année précédente. David Whitehouse, PDG d’OEUK, souligne que « la production connaît aujourd’hui un déclin inutilement abrupt, qui, s’il n’est pas maîtrisé, entraînera une fin prématurée de la vie des actifs pouvant contribuer à la sécurité d’approvisionnement du Royaume-Uni. »
Les prévisions de l’industrie indiquent que l’augmentation des importations de combustibles fossiles, notamment de gaz, pourrait avoir une empreinte carbone plus importante que celle des réserves domestiques. Cela soulève des questions sur la viabilité à long terme des politiques de décarbonation si la production nationale est réduite de manière excessive.
Réduction des émissions et progrès technologiques
Malgré ces défis, l’industrie a réalisé des progrès significatifs en matière de réduction des émissions. Selon le dernier rapport d’OEUK, les émissions globales des processus de production en amont ont diminué de 28 % depuis 2018, principalement grâce à des améliorations opérationnelles telles que la modernisation des systèmes de production d’énergie. Les émissions de méthane ont également chuté de 53 % au cours de la même période, tandis que le volume de gaz brûlé ou évacué dans l’atmosphère a diminué de 52 %.
En 2023, les émissions des opérations en amont représentaient environ 3,5 % des émissions totales du Royaume-Uni, soit environ 13,5 millions de tonnes de CO2 équivalent. Ces chiffres témoignent de l’engagement de l’industrie à réduire son empreinte carbone tout en maintenant une production efficace.
Engagements futurs et défis à relever
L’industrie s’est engagée à réduire ses émissions en amont de 25 % d’ici 2027 et de 50 % d’ici 2030, par rapport à un niveau de référence de 2018, dans le cadre d’un accord de transition pour la mer du Nord signé en 2021. Cependant, la mise en œuvre de ces engagements pourrait être compromise par l’augmentation prévue du taux d’imposition, qui pourrait atteindre 78 % avec une réduction des allocations d’investissement. Les opérateurs de la mer du Nord expriment des inquiétudes quant à l’impact de ces changements sur les investissements futurs, certains ayant déjà suspendu leurs projets.
Perspectives pour l’industrie de la mer du Nord
Alors que l’industrie de la mer du Nord continue de naviguer dans un environnement complexe, les acteurs clés appellent à une collaboration renforcée avec le gouvernement pour garantir un équilibre entre la décarbonation et la sécurité énergétique. Les décisions politiques à venir joueront un rôle crucial dans la détermination de l’avenir de cette industrie vitale. La capacité à produire de manière durable tout en répondant aux besoins énergétiques du pays sera essentielle pour assurer la résilience économique et environnementale du Royaume-Uni.
Les enjeux sont clairs : maximiser le potentiel de la mer du Nord tout en respectant les engagements de décarbonation. L’industrie doit naviguer avec prudence pour éviter une transition qui pourrait compromettre à la fois la sécurité énergétique et les objectifs environnementaux.