Le marché européen du gaz a reçu un avertissement de l’Agence internationale de l’énergie (IEA). Selon un rapport récent sur les perspectives du marché du gaz à l’horizon 2026, l’IEA met en garde contre d’éventuelles tensions en Europe, en particulier en cas d’hiver rigoureux et de nouvelles restrictions sur les approvisionnements en gaz russe par pipeline.
Les préoccupations de l’IEA
Malgré une situation où les réserves de gaz de l’Union européenne sont presque pleines, à 96% de leur capacité, au début de la saison de chauffage, l’IEA reste prudente quant à la sécurité de l’approvisionnement. Cette précaution découle des craintes de pénurie qui ont émergé en 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’IEA souligne que « un hiver froid associé à une moindre disponibilité de gaz liquéfié (LNG) acheminé par navires et à une nouvelle baisse des livraisons de gaz russe par canalisation pourraient raviver les tensions sur le marché, en particulier vers la fin de l’hiver 2023-24. » Cette volatilité des prix suscite des inquiétudes, car elle peut avoir des répercussions significatives sur les économies européennes.
Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, la Russie a réduit de manière significative ses livraisons de gaz par gazoduc vers l’Union européenne, forçant les pays européens à revoir rapidement leurs stratégies d’approvisionnement. Ils ont augmenté leurs achats de GNL de 70% l’année dernière, en provenance notamment des États-Unis et de la Russie. Bien que la situation soit meilleure cette année, l’Europe reste vulnérable à deux principaux défis. Premièrement, la météo hivernale peut être plus sévère que l’année précédente, entraînant une demande accrue de gaz pour le chauffage. Deuxièmement, la Russie continue de fournir du gaz à l’Europe, mais cette source peut être interrompue à tout moment, créant ainsi une incertitude persistante.
Les perspectives à long terme
L’IEA estime que la crise énergétique mondiale de 2022 a inauguré une nouvelle ère pour les marchés mondiaux du gaz, mettant fin à une décennie de croissance soutenue entre 2011 et 2021, souvent qualifiée d' »Âge d’or du gaz. » L’agence prévoit désormais un ralentissement de la croissance de la demande mondiale de gaz, avec une augmentation moyenne de 1,6% par an entre 2022 et 2026, comparée à une moyenne annuelle de 2,5% entre 2017 et 2021. Cette réduction est principalement due à la diminution de la consommation dans les marchés matures, notamment en Asie-Pacifique, en Europe et en Amérique du Nord, où la demande de gaz a atteint son apogée en 2021 et devrait connaître une baisse de 1% par an jusqu’en 2026. Cette évolution est le résultat de l’accélération du déploiement des énergies renouvelables et de l’amélioration de l’efficacité énergétique.
En fin de compte, la demande croissante de gaz sera concentrée dans les marchés asiatiques à forte croissance ainsi que dans certaines économies riches en gaz au Moyen-Orient et en Afrique. La Chine devrait à elle seule représenter près de la moitié de la croissance totale de la demande mondiale de gaz d’ici 2026.
Analyse finale
L’avenir du marché européen du gaz demeure incertain, avec des préoccupations persistantes quant à la sécurité de l’approvisionnement, en particulier lors des hivers rigoureux. L’IEA met en garde contre les risques potentiels liés à une disponibilité réduite de gaz liquéfié et à de nouvelles restrictions sur les livraisons de gaz russe. La volatilité des prix qui en découlerait pourrait avoir un impact significatif sur les économies européennes.
À l’échelle mondiale, la demande de gaz connaît un ralentissement, principalement en raison de l’efficacité énergétique accrue et du déploiement massif des énergies renouvelables dans les marchés matures. La croissance de la demande se concentrera désormais en Asie et dans certaines régions riches en gaz, avec la Chine en tête. Cette évolution reflète les complexités et les enjeux auxquels est confronté le marché du gaz à l’échelle mondiale et régionale.
En fin de compte, il est essentiel de suivre de près l’évolution du marché européen du gaz, en particulier pendant les mois d’hiver, et de rester attentif aux développements mondiaux qui influenceront la demande et l’offre de gaz dans les années à venir.