Le président français Emmanuel Macron se rendra prochainement à Hanoï, dans un contexte de forte compétition internationale autour du programme nucléaire civil vietnamien, réactivé récemment par les autorités locales. Alors que la France cherche à positionner ses entreprises dans ce secteur stratégique, elle doit désormais compter avec une concurrence accrue, notamment des États-Unis et de la Russie. Le Vietnam vient en effet de signer un protocole d’accord ce mardi avec la société américaine Westinghouse Electric, via son entreprise publique PetroVietnam. Cet accord survient après un précédent partenariat conclu en janvier avec le géant russe Rosatom, pour la construction des futures centrales nucléaires du pays.
Le Vietnam entre pressions économiques et ambitions nucléaires
L’accord entre PetroVietnam et Westinghouse Electric s’inscrit dans un contexte économique particulier marqué par des tensions commerciales entre le Vietnam et les États-Unis. Depuis plusieurs mois, Washington menace d’imposer une surtaxe douanière de 46 % sur les marchandises vietnamiennes, en réponse à un déficit commercial jugé excessif par l’administration américaine. Le Vietnam représente en effet le troisième déficit commercial le plus important pour les États-Unis, derrière la Chine et le Mexique. Le ministre vietnamien de l’Industrie et du Commerce, Nguyen Hong Dien, a indiqué que ce partenariat nucléaire avec Westinghouse pourrait constituer un levier pour réduire les déséquilibres commerciaux entre les deux pays.
Concurrence renforcée sur le marché vietnamien
La relance du programme nucléaire vietnamien est motivée par une demande électrique croissante liée au dynamisme économique du pays. Hanoï prévoit la construction de deux premières centrales nucléaires dans la province centrale de Ninh Thuan, projet initialement lancé en 2009 puis suspendu en 2016 en raison de préoccupations financières et environnementales. Les acteurs historiques de ce programme, Rosatom côté russe et le consortium japonais Jined, restent en compétition pour la reprise des travaux. L’arrivée de Westinghouse Electric, acteur majeur du nucléaire américain, ajoute une dimension nouvelle à cette concurrence, incitant les autres pays intéressés, dont la France, à intensifier leurs efforts diplomatiques et commerciaux.
Les enjeux pour la France dans cette nouvelle donne
Face à ces accords russo-américains, Emmanuel Macron vise à promouvoir l’expertise nucléaire française, incarnée notamment par Électricité de France (EDF). À ce jour, la France n’a signé aucun accord nucléaire formel avec Hanoï mais espère profiter de cette visite présidentielle pour ouvrir la voie à une collaboration future. Au-delà du nucléaire, la France cherche à diversifier sa coopération avec le Vietnam en négociant une trentaine d’accords dans divers domaines stratégiques tels que les transports, avec notamment un projet majeur de ligne ferroviaire à grande vitesse reliant Hanoï à Hô Chi Minh-Ville, évalué à 67 milliards de dollars.