Le président de la République fédérative du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, a appelé à une transition énergétique différenciée lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP30), affirmant que chaque pays devait avancer « selon ses possibilités ». S’adressant à la presse depuis Belém, ville hôte de l’événement, Lula a affirmé qu’il était possible de sortir de la dépendance aux énergies fossiles sans imposer de conditions ou de délais aux États participants.
Une stratégie d’évitement des lignes de fracture
Alors que plus de 80 pays souhaitent inscrire un engagement formel vers la fin des combustibles fossiles dans les textes de la COP30, les discussions se heurtent à l’opposition persistante des principaux producteurs pétroliers. Lula a proposé une approche basée sur le volontariat et le consensus, affirmant : « Il faut montrer à la société que nous voulons sortir de la dépendance, mais sans imposer quoi que ce soit à personne. » Le dirigeant brésilien n’a donné aucune indication sur les négociations en cours, préférant mettre en avant une posture consensuelle.
Cette prise de position intervient alors que le Brésil, producteur et exportateur de pétrole, tente de renforcer son rôle diplomatique dans les débats climatiques, sans compromettre ses intérêts économiques nationaux. En amont de la COP, Lula avait déjà évoqué l’idée d’une « feuille de route » pour dépasser la dépendance aux énergies fossiles, sans en détailler les modalités ni le calendrier.
Des tensions entre ambitions climatiques et enjeux économiques
La ministre de l’Environnement, Marina Silva, a reconnu l’absence de décisions claires mais a souligné l’ouverture des débats, qualifiant les réponses obtenues de « bonnes, mais pas définitives ». Elle a insisté sur la nécessité d’avancer par étapes vers un consensus international. Cette prudence reflète les arbitrages internes du Brésil, engagé dans une stratégie de valorisation de ses ressources énergétiques tout en cherchant à améliorer sa position sur la scène environnementale.
Lula, accompagné du président de la COP30 André Correa do Lago, de Marina Silva et de son épouse Rosangela da Silva, a salué la mobilisation populaire autour de l’événement. Il a notamment qualifié la COP30 de « première COP du peuple du monde entier », en référence à la présence remarquée de la société civile dans les rues de Belém. Cette déclaration renforce l’image d’un événement inclusif, bien que le contenu des négociations reste verrouillé.
Le Brésil face à ses propres contradictions énergétiques
La ligne suivie par le gouvernement brésilien met en lumière un conflit d’intérêt croissant entre l’ambition climatique affichée et les réalités économiques liées à l’exploitation des hydrocarbures. Le pays poursuit en parallèle le développement de nouveaux projets pétroliers offshore, notamment dans le bassin de l’Équateur, ce qui pourrait compliquer sa crédibilité sur la scène climatique.
En refusant de fixer des engagements contraignants, le Brésil évite pour l’instant un affrontement direct avec ses partenaires de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), tout en maintenant une présence diplomatique active dans les discussions multilatérales. Cette posture permet de préserver les marges de manœuvre internes, sans écarter l’idée d’un engagement futur, à condition qu’il soit aligné avec les intérêts nationaux.