L’Union européenne modifie ses critères de subvention pour les projets d’hydrogène en réponse aux inquiétudes des industriels européens sur la concurrence des importations chinoises à bas coût. Les nouvelles règles viseront à renforcer les chaînes d’approvisionnement locales en électrolyseurs et à protéger la sécurité des données. Cette décision de la Commission européenne intervient alors que l’UE s’apprête à lancer son prochain cycle de financement pour l’hydrogène vert, avec des objectifs spécifiques pour stimuler la production locale.
Les entreprises européennes du secteur de l’hydrogène, en particulier les fabricants d’électrolyseurs, signalent depuis plusieurs mois qu’elles ne peuvent rivaliser avec les producteurs chinois en termes de coûts. Ces électrolyseurs, essentiels pour produire de l’hydrogène en scindant les molécules d’eau, sont de plus en plus fabriqués en dehors de l’UE, souvent à des prix nettement inférieurs en Chine. Les acteurs européens du secteur demandent à l’UE d’intégrer des critères favorisant les entreprises locales dans le cadre de ses programmes de subvention.
Réduction de la Dépendance aux Équipements Non-Européens
La révision des critères de subvention pour les projets d’hydrogène par l’UE pourrait inclure des exigences sur l’origine des équipements utilisés. Selon Wopke Hoekstra, Commissaire européen au climat, ces critères pourraient imposer une part obligatoire de production et d’assemblage au sein des frontières européennes. L’objectif est de s’assurer que les projets financés par l’UE ne s’appuient pas excessivement sur des composants ou technologies importés, en particulier lorsque ces importations proviennent de pays pratiquant des prix agressifs.
Les discussions actuelles suggèrent que la Commission envisage également de limiter les projets qui dépendent de fournisseurs non européens. L’un des axes de cette stratégie est de minimiser le risque que des données sensibles européennes soient exposées à des entités extérieures à l’UE. Les nouvelles lignes directrices devraient être appliquées dès le prochain appel à projets, prévu dans les mois à venir, dans le cadre de l’Hydrogen Bank de l’UE.
Règles de Cybersécurité et Impact sur le Marché
En parallèle des questions économiques, la cybersécurité devient une préoccupation centrale. Hoekstra indique que l’accès non contrôlé à des informations stratégiques pourrait poser des risques substantiels pour la souveraineté technologique de l’Europe. Des critères spécifiques pourraient être intégrés pour garantir que les projets soutenus par des subventions européennes respectent des normes rigoureuses en matière de gestion des données et de protection de l’information.
En avril, l’UE a déjà attribué 720 millions d’euros à des projets d’hydrogène, mais des critiques internes ont souligné que certains projets utilisaient du matériel importé, compromettant ainsi les objectifs stratégiques de développement d’une industrie locale robuste. Les nouvelles règles visent à corriger ces lacunes en favorisant les propositions de projets qui démontrent un engagement clair envers les capacités industrielles européennes.
Implications pour les Relations Commerciales de l’UE
La révision des subventions à l’hydrogène s’inscrit dans une politique plus large de l’UE pour garantir une concurrence équitable sur son marché intérieur, sans recourir à des mesures de fermeture de marché. Bien que l’UE ne cherche pas à couper les ponts avec la Chine, elle vise à réguler l’accès aux subventions européennes pour éviter des pratiques commerciales jugées déloyales. En imposant des critères plus stricts, l’UE tente de stimuler la demande pour les technologies européennes tout en protégeant ses industries stratégiques contre les pressions extérieures.
Les fabricants européens sont particulièrement vigilants à l’égard des tarifs et subventions qui pourraient favoriser indirectement les acteurs non européens. Les discussions autour des nouvelles règles de subvention témoignent de la volonté de Bruxelles de garantir que les politiques climatiques et énergétiques soutiennent aussi la compétitivité industrielle du continent.