La mise en service de la centrale hydroélectrique Karuma représente une avancée stratégique majeure pour l’Ouganda. D’une capacité de 600 mégawatts (MW), cette installation porte la capacité totale de production du pays à plus de 2 000 MW. Ce projet, d’un coût de 1,7 milliard de dollars, a été financé à 85 % par un prêt de la China Exim Bank. Karuma se situe sur le fleuve Nil, une position géographique stratégique qui lui permet de répondre à la fois à la demande interne et aux besoins d’exportation vers des pays voisins, notamment le Rwanda, la Tanzanie et le Kenya.
Un levier économique et énergétique pour l’Ouganda
La construction de Karuma, entreprise par la société chinoise Sinohydro Corporation, s’inscrit dans une stratégie nationale visant à garantir l’accès à une énergie stable et à prix compétitif. L’Ouganda ambitionne de devenir un fournisseur régional d’énergie fiable, renforçant ainsi ses relations commerciales avec ses voisins d’Afrique de l’Est. En parallèle, des projets supplémentaires sont déjà en cours, tels que la construction d’une ligne de transmission de 400 kilovolts (kV) sur 248 kilomètres, permettant l’exportation de l’électricité produite par Karuma.
Par ailleurs, l’Ouganda prévoit de renforcer ses exportations avec la construction d’une nouvelle ligne de transmission à destination du Soudan du Sud, pays énergétiquement déficient. Ce projet, estimé à 180 millions de dollars, s’ajoute à l’infrastructure actuelle, consolidant l’Ouganda en tant que plaque tournante énergétique de la région. Cette capacité d’exportation permet au pays de diversifier ses sources de revenus tout en jouant un rôle clé dans l’électrification de l’Afrique de l’Est.
La coopération sino-ougandaise au centre des grands projets
Le rôle de la Chine dans le développement des infrastructures énergétiques en Ouganda se confirme à travers le projet Karuma, deuxième grande centrale hydroélectrique financée par des prêts chinois. En 2019, l’Ouganda inaugurait déjà la centrale Isimba de 188 MW, un projet de 500 millions de dollars également soutenu par la China International Water and Electric Corporation. Ces initiatives illustrent la dépendance croissante de l’Ouganda aux financements chinois pour ses grands projets d’infrastructure.
Bien que la Chine ait apporté un soutien financier significatif, ces projets ne sont pas sans défis. Le projet Karuma, initialement prévu pour être achevé en 2018, a subi plusieurs retards, dus à des complications logistiques, ainsi qu’à l’impact de la pandémie de COVID-19. Cependant, malgré ces obstacles, le gouvernement ougandais persiste dans ses efforts pour finaliser des projets d’envergure nationale, en vue de renforcer son réseau énergétique et d’améliorer la qualité de vie des populations.
Impact sur l’économie et les infrastructures
L’inauguration de Karuma s’inscrit dans une stratégie globale visant à rendre l’énergie accessible et abordable en Ouganda. Le président Yoweri Museveni a souligné l’importance de l’accès à une énergie à bas coût pour stimuler l’économie et attirer les investissements étrangers. Une énergie moins chère, combinée à une capacité accrue, permet à l’Ouganda de soutenir son industrialisation naissante, particulièrement dans les secteurs manufacturiers et extractifs.
Le développement des infrastructures de transmission d’électricité est également crucial. L’Ouganda a investi dans des lignes de transmission à haute tension pour assurer une distribution efficace de l’énergie produite par Karuma. Ces infrastructures devraient également contribuer à réduire les pertes d’électricité, un problème chronique qui entrave la rentabilité des centrales. En investissant dans ces réseaux, le gouvernement entend améliorer la stabilité du réseau national tout en répondant aux besoins de la région.
Perspectives pour l’avenir énergétique de l’Ouganda
Avec l’augmentation de sa capacité énergétique, l’Ouganda cherche à renforcer son positionnement régional. Toutefois, des défis subsistent, notamment en matière de maintenance des infrastructures et de gestion des relations avec les créanciers, principalement la Chine. Le recours à des financements externes soulève des questions sur la soutenabilité de ces investissements, notamment concernant le remboursement des prêts à long terme. La stabilité des marchés régionaux de l’électricité sera cruciale pour garantir le retour sur investissement de ces projets.
L’Ouganda, en devenant un fournisseur énergétique régional, se positionne stratégiquement pour bénéficier des opportunités offertes par la demande croissante en électricité en Afrique. L’amélioration des capacités de production et de transmission devrait également encourager de nouveaux investissements dans d’autres secteurs clés de l’économie ougandaise, tels que les industries extractives et les services.