La récente hausse de la demande conjuguée à l’incapacité de l’OPEP+ à y répondre pleinement impacte grandement le cours du pétrole. Selon plusieurs responsables de l’organisation, le prix du baril de Brent pourrait bientôt dépasser les $100.
L’OPEP+ doit réagir
Le prix du baril de pétrole est sur le point d’atteindre la barre fatidique des $100. Une telle chose n’était plus arrivée depuis 2014. Cette année-là vit également l’augmentation de la production de schiste ainsi que la concurrence entre les principaux producteurs de pétrole.
La situation préfigurait une période de baisse des prix. Aujourd’hui, tandis que l’économie mondiale se remet doucement de la pandémie, cette dernière semble toucher à son terme.
La perspective d’un retour à des prix à trois chiffres apparaissait comme peu crédible il y a encore quelques semaines. Pourtant, le marché s’est rapidement remis de l’effondrement sans précédent de la demande provoqué par la pandémie en 2020.
Le Brent autour des $87 le baril
Le Brent évolue autour des $87 le baril, son plus haut niveau depuis sept ans. L’indice a connu une hausse de 50% en 2021. Cette augmentation s’est faite dans un contexte de reprise de la demande, où l’OPEP+ restait prudente. L’organisation ne relâchait en effet que prudemment leurs restrictions sur l’offre.
En parallèle, les incidents survenus en Libye et l’arrivée du variant Omicron ont alimenté cette hausse en 2022. Difficile d’obtenir des informations sur l’évolution des prix de la part des responsables de l’OPEP ou de ses alliés. Les membres de l’Organisation sont en effet peu enclins à communiquer sur le sujet.
Néanmoins, l’agence Reuters affirme s’être entretenue avec certains de ces responsables au sujet du scénario d’un pétrole à$ 100. La majorité d’entre-eux dit ne pas exclure cette possibilité, voire la considère comme probable.
Fin 2021 l’OPEP+ rehausse son offre
L’OPEP+ a drastiquement réduit son offre pétrolière en 2020. La baisse s’élève à près de 10 millions barils par jour (bpj), soit 10 % de la demande mondiale.
Souhaitant profiter de la reprise de la demande, l’OPEP+ ambitionne d’augmenter sa production de 400.000 bpj par mois. Cependant, elle est confrontée à une capacité de production insuffisante pour atteindre son objectif.
En effet, de nombreux producteurs ne peuvent pas pomper davantage, tandis que ceux qui le peuvent s’en tiennent à leurs quotas.
Selon l’IEA, la production de l’OPEP+ sur le mois de novembre était inférieure de 650.000 bpj à l’objectif.
En octobre 2021, le président russe Vladimir Poutine prophétisait la possibilité que le pétrole atteigne les $100.
De son côté, Goldman Sachs a récemment évoqué un probable passage du Brent au-dessus des $100 cette année.
Un avenir incertain
Dans ce contexte, les difficultés rencontrées par l’OPEP+ illustrent une tendance de fond responsable du manque d’investissement dû au Covid-19. En outre, les pressions pour développer les carburants propres poussent les producteurs à réduire leurs investissements dans les projets pétroliers.
Ainsi, seuls quelques grands producteurs de l’OPEP comme l’Arabie saoudite, ou l’Irak disposent d’une capacité de production supplémentaire importante. L’Iran possède bien une capacité inutilisée d’1 million de bpj, mais les sanctions américaines empêchent son déploiement sur le marché.
Selon une autre source de l’OPEP, les pannes et la demande solide sont à l’origine de la reprise. Si de nouvelles augmentations – sans conséquences sur la demande – sont possibles, un retour à $100 n’est pas exclu.
Baril à plus de $85 : les risques pour la demande
La hausse des prix permet à l’OPEP et à l’OPEP+ de compenser les pertes survenues en 2020. Pourtant, certains membres du groupe craignent les effets délétères de niveaux aussi élevés.
En novembre 2021, le Brent atteignait son plus haut niveau depuis trois ans ($86). Dans le même temps, les prix du gaz naturel, de l’électricité et du charbon s’envolaient également. Dans ce contexte, l’OPEP fut forcée de revoir à la baisse ses prévisions de demande pour le quatrième trimestre 2021.
D’un point de vue technique, l’OPEP+ dispose des capacités nécessaires pour produire davantage grâce à quelques-uns de ses membres. La mise sur le marché de ce pétrole demanderait de réaffecter la production des pays « sous-performants ».
Décalage entre l’offre réelle et prévue
Une telle politique serait néanmoins plus que difficile à mettre en œuvre. Les milieux industriels estiment la capacité de réserve réelle comme inférieure aux chiffres nominaux. Par ailleurs, la capacité pétrolière de réserve de l’Arabie saoudite n’a pas été testée au niveau maximal.
Le 4 janvier 2022 s’est tenue une réunion de l’OPEP+. À l’issue de la rencontre, l’objectif de production pour février fut augmenté de 400.000 bpj. Cette décision suggère que le décalage l’offre réelle et l’offre annoncée pourrait se creuser davantage sans porter préjudice aux producteurs.