L’Iran a franchi une étape préoccupante dans le développement de son programme nucléaire. Selon un rapport confidentiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Téhéran a accepté d’intensifier les mesures de surveillance sur son site de Fordo. Cette décision intervient alors que le pays accélère significativement sa production d’uranium enrichi, atteignant un niveau de 60 %, une concentration proche de celle nécessaire pour la fabrication d’armes nucléaires.
En décembre, Téhéran a commencé à alimenter de nouvelles centrifugeuses sur le site de Fordo, entraînant une augmentation mensuelle estimée à plus de 34 kilogrammes d’uranium enrichi, contre 4,7 kilogrammes produits lors de la précédente période d’évaluation. Cette montée en puissance place l’Iran à la lisière d’un seuil critique, suscitant de vives inquiétudes parmi les grandes puissances mondiales.
Un Accord Fragilisé et des Tensions Croissantes
Cette escalade s’inscrit dans un contexte de rupture progressive des engagements de l’Iran depuis 2018, après le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire de 2015, connu sous le sigle JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action). Cet accord limitait strictement l’enrichissement d’uranium à un niveau de 3,67 %. En réponse à la réintroduction de sanctions économiques sévères, l’Iran a progressivement abandonné ses engagements, tout en défendant son droit à l’énergie nucléaire à des fins civiles.
Malgré cette justification officielle, les experts internationaux soulignent que le seuil d’enrichissement actuel de 60 % rapproche dangereusement Téhéran des 90 % requis pour produire une arme nucléaire. En conséquence, l’AIEA a exigé une intensification de ses inspections, afin de garantir que le programme iranien reste conforme aux déclarations officielles et que les matières nucléaires ne soient pas détournées à des fins militaires.
Des Réactions Internationales Particulièrement Vives
Les grandes puissances européennes, notamment la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, ont exprimé leur vive inquiétude face à cette montée en puissance. Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité des Nations unies, ces pays ont exhorté l’Iran à stopper immédiatement cette escalade. Ils n’ont pas exclu de recourir au mécanisme de sanctions prévu par l’accord de 2015 pour freiner l’avancée du programme nucléaire iranien.
L’Union européenne a également condamné cette situation. Selon Anouar El Anouni, porte-parole du service diplomatique européen, « l’enrichissement d’uranium à des niveaux proches des niveaux militaires est extrêmement préoccupant ». Cette déclaration illustre le climat de tension croissante entre l’Iran et les principales puissances occidentales, rendant toute tentative de reprise des négociations particulièrement délicate.
Entre Défense Civile et Doutes Militaires
Téhéran continue d’affirmer que son programme nucléaire est destiné à des usages civils, notamment à la production d’électricité. Cependant, cette position est de plus en plus remise en question par la communauté internationale, qui redoute que l’Iran ne cherche à développer une capacité militaire dissimulée.
Cette situation soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir des relations diplomatiques et les mesures que prendra la communauté internationale pour éviter une prolifération nucléaire dans une région déjà instable.