Lancé en 2022, le Just Energy Transition Partnership (JETP) pour l’Indonésie a pour ambition de financer la transition énergétique du pays grâce à 20 milliards de dollars de fonds publics et privés. Ce programme repose sur des financements internationaux, mais plusieurs obstacles ralentissent sa mise en œuvre.
Un financement international sous pression
L’un des principaux enjeux du JETP concerne l’origine et la stabilité des fonds alloués à l’Indonésie. Le pays a exprimé à plusieurs reprises, notamment par l’intermédiaire du ministère de l’Énergie et des Ressources minérales, la nécessité de recevoir des prêts à faible taux et des financements concessionnels. Ces éléments sont cruciaux pour éviter une surcharge financière à la compagnie publique d’électricité PLN (Perusahaan Listrik Negara), qui gère la majorité des infrastructures énergétiques du pays.
L’Asian Development Bank (ADB) a introduit un mécanisme d’« Energy Transition Mechanism » (ETM) visant à racheter et fermer plus tôt certaines centrales à charbon. Toutefois, la faisabilité de ce dispositif dépend de la capacité des pays développés à respecter leurs engagements financiers.
Incertitudes autour des financements américains
L’engagement des États-Unis, acteur clé du JETP, a été mis à rude épreuve après le retrait du pays de l’Accord de Paris sous l’administration Trump. Bien que l’administration Biden ait réintégré cet accord, l’Indonésie reste prudente face à la continuité des financements. Cette prudence s’explique par l’historique des décisions américaines et par le climat politique incertain autour des engagements environnementaux aux États-Unis.
Selon des responsables indonésiens, le manque de garanties sur les fonds américains compromet la planification à long terme de la transition énergétique. À cela s’ajoute la complexité des décaissements, souvent conditionnés à des exigences administratives et techniques qui ralentissent l’accès aux capitaux.
La fermeture des centrales à charbon en question
L’Indonésie reste fortement dépendante du charbon pour assurer la stabilité de son réseau électrique. La fermeture anticipée des centrales, sans un soutien financier solide, pourrait entraîner une hausse des tarifs de l’électricité ou un endettement accru de PLN.
Des analyses d’organisations locales et d’ONG internationales rappellent que le pays doit trouver un équilibre entre la transition énergétique et la sécurité d’approvisionnement. Une fermeture trop rapide des centrales à charbon pourrait poser des risques économiques et sociaux, notamment pour les régions dépendantes de cette industrie.
Vers une redéfinition des priorités ?
Face aux incertitudes financières, l’Indonésie pourrait revoir ses priorités en matière de transition énergétique. L’alignement entre les objectifs climatiques et la réalité économique demeure un défi majeur, d’autant plus que la stabilité des financements internationaux reste incertaine.
Alors que le JETP symbolise une coopération internationale ambitieuse, la concrétisation de ses objectifs dépendra des engagements financiers réels des pays partenaires. Pour l’Indonésie, l’enjeu est double : assurer une transition énergétique progressive tout en évitant une pression budgétaire excessive sur son économie.