L’Inde, face à l’augmentation des émissions carbone, élabore une nouvelle politique sur le marché de l’hydrogène et du carbone pour 2023.
Des ambitions de décarbonation
En Inde, RK Singh, ministre de l’Énergie et des Énergies nouvelles et renouvelables, déclare:
« Il s’agit d’une étape majeure pour notre transition énergétique. Ce projet de loi contient des dispositions pour le logement (décarbonation), le marché du carbone et l’obligation de consommer des sources non fossiles. »
En présentant le projet de loi pour fournir un cadre juridique à l’hydrogène, le ministre aborde également l’aspect décarbonation du pays. Les experts prévoient en effet une augmentation des émissions dues à la combustion du charbon jusqu’en 2044.
Ainsi, le fer et l’acier, le ciment, les raffineries et les producteurs d’engrais font partie des secteurs qui se verront attribuer des quotas d’émission. Ils auront l’obligation d’échanger des crédits carbone sur les bourses d’électricité indiennes, selon des responsables gouvernementaux. New Delhi s’engageait cependant dans un scénario peu ambitieux pour atteindre le net zéro d’ici 2070.
En plus du marché carbone prévu, l’Inde se dote d’un marché volontaire du carbone (MVC). Celui-ci prévoit la participation d’un ensemble défini de secteurs échangeant des crédits dans le cadre d’un mécanisme de compensation. En effet, les facteurs ESG et climatiques deviennent cruciaux pour les entreprises s’engageant vers la neutralité carbone.
D’autre part le prix des crédits fondés sur l’énergie renouvelable en Inde s’évalue à $3,50/mtCO2e en décembre 2022. L’Inde émettait environ 40 millions de crédits MCV entre début 2022 et octobre, soit 20.2% du total global. Le ministre d’État Singh commente:
« Nous utiliserons nos crédits carbone pour réaliser nos propres CDN (contribution déterminée au niveau national selon les Accords de Paris). Tout excédent serait disponible à la vente à l’international. »
Les crédits d’énergie renouvelable ont représenté 95,3% du total des émissions de crédits VCM de l’Inde au cours de la période de neuf mois. Manish Dabkara, PDG d’Eki Energy Services et président de la Carbon Markets Association Of India, déclare :
« Notre association travaille en étroite collaboration avec les décideurs indiens et les parties prenantes internationales. Notre objectif est de propulser les exportations indiennes de crédits MCV à leur apogée. Nous souhaitons de plus établir avec succès le système d’échange de droits d’émission national à travers les opportunités de l’article 6. »
Toutefois, le prix des crédits en décembre baisse de 10% d’un mois sur l’autre.
Le second volet de la loi sur la conservation de l’énergie fixe également des objectifs de consommation obligatoire d’hydrogène renouvelable. Il s’agit de stimuler la demande pour le nouveau carburant. Un objectif de 5 millions de tonnes métriques de production d’hydrogène renouvelable représentait un but d’ici 2030.
Le développement de l’hydrogène
L’activité dans le secteur en Inde devrait s’intensifier l’année prochaine. En effet, les nouveaux projets pourraient doubler la capacité d’hydrogène renouvelable. Ainsi, des investisseurs comme Reliance New Energy et Adani New Industries recherchent des partenariats depuis 2021.
Reliance New Energy indique vouloir investir $10 milliards dans les trois prochaines années pour les nouveaux carburants. L’objectif serait d’atteindre 100GW de capacité d’énergie renouvelable d’ici 2030. Adani New Industries cherche également à investir plus de $50 milliards sur les dix prochaines années.
Cette entreprise espère une production de 1 million de tonnes par an d’hydrogène renouvelable avant 2030. L’Inde compte 54 projets d’hydrogène renouvelable ou à faibles émissions carbone. Ainsi, cela représente 1,99 million de tonnes d’hydrogène renouvelable.
En comparaison, l’Australie compte 137 projets d’hydrogène renouvelable. Ainsi, cela représente 9,84 millions de tonnes. En Inde, un projet de Green Hydrogen Mission propose $3,69 milliards pour 2022-2030 afin de soutenir le secteur de la production.
New Delhi souhaite mettre en place des obligations de consommation d’hydrogène dans certains secteurs comme les engrais ou le raffinage. 145,5 milliards de roupies seraient disponibles pour un programme d’incitation lié à la fabrication nationale d’électrolyseurs. Les entreprises souhaitent avant tout connaître les soutiens financiers liés à la production d’hydrogène renouvelable.
Ainsi, l’hydrogène du Qatar produit par électrolyse alcaline (investissements compris) s’évalue à $2,59/kg le 16 décembre. Cela représente une hausse de 0,39% d’un mois sur l’autre. L’hydrogène japonais produit par électrolyse alcaline (CAPEX compris), s’élève à $10,87/kg soit 15% de hausse d’un mois sur l’autre.