Un Memorandum d’Entente (MoU) a été signé cette semaine entre des acteurs majeurs de l’industrie énergétique d’Europe et d’Algérie, officialisant le lancement des études de faisabilité pour le projet SoutH2. Ce corridor énergétique, destiné à transporter jusqu’à 4 millions de tonnes d’hydrogène vert par an vers l’Europe d’ici 2030, est une pièce maîtresse de la stratégie européenne pour la transition vers les énergies renouvelables, en réponse à la crise énergétique.
Les acteurs clés et accords signés
Le Memorandum implique plusieurs entreprises et entités gouvernementales des deux côtés de la Méditerranée. En Algérie, Sonatrach, le géant pétrolier, sera responsable de la production d’hydrogène vert, tandis que Sonelgaz assurera l’alimentation des électrolyseurs nécessaires. Du côté européen, VNG, entreprise allemande, gérera la distribution de l’hydrogène en Europe. En Italie, Snam et SeaCorridor prendront en charge le transport à travers la Méditerranée. En Autriche, Verbund Green Hydrogen supervisera les infrastructures.
Ce projet, soutenu par l’Union européenne via le plan REPowerEU, vise à renforcer la sécurité énergétique du continent en diversifiant les sources d’énergie et en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles.
Études de faisabilité et planification
Le MoU lance également la première phase d’études de faisabilité. Financé à plusieurs centaines de millions d’euros, cet examen technique et économique évaluera la conversion des pipelines gaziers existants en infrastructures adaptées pour transporter de l’hydrogène. Le projet prévoit également la création de fermes solaires et éoliennes en Algérie pour fournir les 20 GW d’énergie nécessaires à la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau.
L’évaluation environnementale fera également partie des études, afin de garantir que la production et le transport de l’hydrogène vert respectent les normes internationales.
Phase de mise en œuvre et infrastructures
Une fois les études achevées, la phase de mise en œuvre, estimée à 10 milliards d’euros, commencera. Ce volet du projet inclura la construction de nouvelles infrastructures pour le transport d’hydrogène ainsi que l’adaptation des pipelines déjà en place reliant l’Algérie à l’Italie.
Le pipeline de 3 300 km permettra de transporter chaque année jusqu’à 4 millions de tonnes d’hydrogène vert vers les principaux marchés européens, soutenant ainsi la réduction des émissions de CO2 et le développement des énergies renouvelables en Europe.
Enjeux financiers et mobilisation des capitaux
Le financement public via le plan REPowerEU, qui consacre 18,8 milliards d’euros aux projets liés à l’hydrogène vert, constitue un soutien essentiel pour le SoutH2. Toutefois, des investissements privés seront nécessaires pour compléter ces fonds publics, notamment pour les infrastructures et la production d’hydrogène à grande échelle, un secteur encore coûteux à développer.
La mobilisation de capitaux privés sera un défi central, mais le potentiel de retour sur investissement, dans un marché européen de plus en plus orienté vers les énergies décarbonées, est un facteur clé qui pourrait attirer les investisseurs.
Aspects géopolitiques et coopération transnationale
Le corridor SoutH2 est une initiative stratégique pour l’Europe, qui cherche à diversifier ses sources d’énergie en réponse à la crise énergétique mondiale et à la dépendance au gaz russe. L’Algérie, partenaire de longue date de l’Europe pour les ressources énergétiques, joue un rôle crucial dans cette transition.
Ce projet renforce également la coopération énergétique entre des pays comme l’Allemagne, l’Italie et l’Autriche, soulignant l’importance des partenariats transnationaux pour réussir la transition énergétique en Europe. À terme, d’autres pays européens, comme la France, pourraient intégrer ce projet, leur réseau gazier étant interconnecté avec l’Allemagne et l’Italie. La France vise d’ailleurs une production de 6,5 GW d’hydrogène vert d’ici 2030, ce qui pourrait être complémentaire au corridor SoutH2.