L’Europe est en situation de crise alors que les approvisionnements en GNL ne sont pas assurés pour l’hiver. Surtout si celui-ci s’avère plus froid que les moyennes de saison. En outre, la pénurie de stock est assurée si l’Asie connait aussi un hiver plus froid qu’à l’accoutumé.
L’Europe s’en remet à la météo
Si les conditions météorologiques sont dans les moyennes de saison cet hiver, l’Europe aura besoin de 58 milliards de m3 (Gm3) de gaz. Cela laisserait environ 29 Gm3 de gaz en stockage d’ici à la fin mars 2022. Un chiffre en dessous des niveaux moyens quinquennaux, mais suffisant.
Dans ces conditions, le continent devrait avoir les moyens de répondre à la demande. En revanche, cela suppose que la Russie utilise toutes ses capacités existantes d’exportation. Or cela est possible seulement si l’Asie et la Russie ne connaissent pas non plus un hiver rigoureux.
À l’inverse, la seule demande asiatique retirerait 10,5 Gm3 de capacité vers l’Europe. Si le vieux continent connait lui aussi un hiver difficile, la demande pourrait augmenter de 20 Gm3. Avec ces deux facteurs combinés, les stocks européens seraient épuisés fin mars 2022 et une partie de la demande non comblée.
L’Europe plus dépendante que jamais du gaz russe
Par ailleurs, dans une telle situation, l’Europe serait entièrement dépendante des flux russes. Le gazoduc Nord Stream 2 pourrait alors offrir un certain répit en livrant jusqu’à 12,5 Gm3 supplémentaires. Mais pour l’heure, son exploitation et ses premières capacités de transit ne sont pas encore validées. Dans cette situation, la Russie pourrait augmenter les flux via l’Ukraine. Or les relations diplomatiques sont au plus bas entre les deux pays.
En revanche, un hiver russe froid cloturerait tacitement toute négociation. Gazprom n’aurait en effet pas de volumes suffisants pour fournir des exportations supplémentaires. Par conséquent, l’Europe est à la merci des conditions météorologiques mondiales. Une situation qui pourrait faire grimper les prix du gaz qui atteignent déjà des records.