La société d’analyse énergétique Wood Mackenzie rapporte une montée en puissance des technologies géothermiques de nouvelle génération, désormais en cinquième position de son classement technologique annuel. Ce bond résulte d’un accroissement du nombre de projets annoncés et de progrès notables en matière de financement et de réglementation. Ces systèmes pourraient doubler la production par puits par rapport aux technologies géothermiques classiques, selon le cabinet.
Une percée technologique soutenue par le numérique
Les systèmes géothermiques améliorés (Enhanced Geothermal Systems, EGS) et les systèmes géothermiques avancés (Advanced Geothermal Systems, AGS) figurent parmi les technologies les plus prometteuses. EGS repose sur l’augmentation de la perméabilité dans des roches sèches et chaudes, tandis qu’AGS utilise des boucles fermées pour réhabiliter des puits issus de l’industrie pétrolière et gazière. Leur potentiel de production baseload à faible intensité carbone attire l’attention croissante du secteur numérique.
Les entreprises technologiques telles que Meta Platforms Inc., Microsoft Corp. et Google LLC ont signé d’importants accords d’approvisionnement en énergie géothermique. Cette demande vise à alimenter leurs centres de données en énergie constante, propre et localisée. Wood Mackenzie note que cette dynamique reflète une transformation structurelle de la demande énergétique mondiale.
Un coût d’investissement toujours contraignant
Malgré ces perspectives, le coût élevé du forage représente un obstacle majeur. Selon Wood Mackenzie, le capital investi dans les projets géothermiques devra diminuer jusqu’à 60 % pour concurrencer l’énergie nucléaire dans le segment de l’électricité propre baseload. Des approches comme la co-localisation avec d’autres technologies à faible émission ou l’extraction de minéraux critiques à partir des fluides géothermiques sont envisagées pour renforcer la rentabilité des projets.
Des sites pilotes d’extraction de lithium sont en cours en Allemagne, en Nouvelle-Zélande, en Amérique du Nord et au Royaume-Uni. Cette convergence entre production énergétique et minière intéresse également les gouvernements, dont plusieurs augmentent les aides financières au secteur. En 2024, plus de $2bn ont été alloués aux initiatives géothermiques, bien que la majorité reste concentrée sur des projets conventionnels.
Un soutien politique en progression lente
Les récentes modifications législatives dans certains pays européens, comme l’Allemagne, laissent entrevoir un environnement plus favorable à l’implantation de projets géothermiques. Toutefois, Wood Mackenzie souligne que l’allocation du capital dans les grandes compagnies pétrolières reste en décalage. Bien que BP PLC, Equinor ASA et Chevron Corp. aient conclu des partenariats avec des développeurs de projets, la priorité accordée aux activités à faibles émissions demeure marginale dans leurs budgets d’investissement.
“Alors que l’intérêt stratégique pour la géothermie est bien réel, sa concrétisation pourrait être ralentie par une hiérarchisation défavorable des investissements à bas carbone”, indique Wood Mackenzie dans son rapport.