Les raffineries indépendantes chinoises, principalement localisées dans la province de Shandong, pourraient augmenter leurs importations de fioul en réponse à une hausse anticipée des déductions fiscales sur cette matière première. Cette décision s’inscrit dans un contexte où ces installations, souvent appelées « teapots », cherchent à compenser la limitation des quotas d’importation de pétrole brut attribués par les autorités chinoises. Selon des sources internes au secteur, six raffineries pilotes sont déjà identifiées pour bénéficier initialement de ces nouvelles dispositions fiscales. Le taux de déduction fiscale appliqué au fioul utilisé comme matière première pour le raffinage pourrait ainsi progresser significativement.
Augmentation attendue des déductions fiscales
Actuellement fixé entre 50 % et 70 %, le taux de déduction fiscale pourrait augmenter de 20 à 25 points de pourcentage pour les raffineries sélectionnées. Les installations bénéficiant actuellement d’un taux autour de 50 % devraient observer les augmentations les plus significatives, tandis que celles proches du taux maximal actuel pourraient connaître des hausses moins importantes. Une telle modification fiscale permettrait de réduire le coût net du fioul importé, augmentant ainsi son intérêt économique pour les raffineurs confrontés à des marges limitées. Cependant, à ce jour, aucune date officielle de mise en application n’a été communiquée par les autorités fiscales locales.
Selon des données récentes fournies par le cabinet spécialisé JLC, les raffineries indépendantes chinoises continuent d’opérer à des niveaux relativement bas. Le taux moyen d’utilisation des capacités de raffinage dans la région du Shandong était de 48,51 % fin juin, illustrant les difficultés économiques actuelles. Ces taux sont étroitement liés aux faibles marges de raffinage observées, lesquelles limitent les capacités opérationnelles des raffineries indépendantes.
Fioul importé comme alternative stratégique
Les quotas d’importation de pétrole brut accordés par le gouvernement chinois étant souvent insuffisants pour couvrir l’ensemble des besoins annuels des raffineries indépendantes, l’importation de fioul se présente comme une alternative stratégique. Toutefois, malgré une éventuelle hausse des déductions fiscales, certaines installations restent prudentes quant au réel avantage économique, notamment si les taux restent en dessous du seuil maximal de 100 %. Une source basée à Dongying souligne que même une augmentation substantielle pourrait ne pas suffire à encourager toutes les raffineries à reprendre massivement l’importation de fioul.
Entre janvier et mai de cette année, les importations chinoises de fioul par les raffineries indépendantes ont chuté à 1,55 million de tonnes métriques, marquant une baisse annuelle de 78,5 %. Ce recul est essentiellement dû aux taxes à la consommation relativement élevées, qui avaient fortement réduit la compétitivité économique du fioul importé par rapport à l’année précédente.
Stabilité du marché du fioul russe
Dans ce contexte, le marché du fioul russe M100 reste stable, avec des prix affichant une décote constante d’environ 20 à 25 dollars la tonne métrique par rapport à la référence Mean of Platts Singapore (MOPS) pour le fioul lourd 180 CST (centistokes). Bien que quelques acteurs du marché manifestent un intérêt potentiel pour ces importations, les volumes de transactions réelles restent encore limités.
Le scénario d’une hausse des importations de fioul reste donc tributaire de l’ampleur des changements fiscaux attendus, laissant aux raffineries indépendantes le soin d’évaluer soigneusement les bénéfices économiques potentiels en fonction des évolutions réglementaires.