Le gouvernement français a annoncé une révision des aides attribuées aux projets solaires de petite et moyenne puissance. Ce recentrage vise à ajuster le cadre économique du segment 100-500 kWc, jugé dynamique ces dernières années, tout en maîtrisant la dépense publique. Les professionnels du secteur estiment toutefois que cette mesure pourrait porter un coup d’arrêt à de nombreux projets et mettre en péril des entreprises spécialisées.
Un moratoire économique dénoncé
Selon le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et Enerplan, la décision gouvernementale équivaut à un moratoire de fait sur les projets photovoltaïques de moins de 500 kWc. Le cadre de soutien serait modifié de manière rétroactive au 1er février 2025, rendant ces installations économiquement non viables. Cette mesure concerne notamment les installations sur les toitures de bâtiments commerciaux, industriels et agricoles, ainsi que les ombrières de parking.
Les représentants du secteur appellent l’exécutif à maintenir le cadre tarifaire actuel jusqu’à la mise en place d’un nouveau mécanisme de soutien, dont le calendrier reste indéterminé. « Le dynamisme du segment S21 est brutalement cassé dans son élan. Cet arrêt brutal n’est pas acceptable », a déclaré Daniel Bour, président d’Enerplan.
Un impact direct sur l’emploi et la filière du bâtiment
Le Groupement des métiers du photovoltaïque de la Fédération française du bâtiment (FFB) s’inquiète des conséquences immédiates de cette réforme. De nombreux artisans et entreprises spécialisées pourraient être contraints de réduire leur activité, entraînant des suppressions d’emplois et un impact sur les recettes fiscales.
Olivier Salleron, président de la FFB, souligne que cette décision remet en cause un cadre réglementaire qui commençait à porter ses fruits. Selon lui, cette réorientation compromettrait la structuration d’une filière industrielle photovoltaïque en France et freinerait les investissements nécessaires à son essor.
Un arbitrage économique contesté
Le ministère de l’Énergie justifie cette révision par la nécessité d’adapter les aides à l’évolution du marché. Sur le segment 0-9 kWc, le soutien public sera recentré sur l’autoconsommation afin de renforcer la résilience des ménages face aux fluctuations des prix de l’électricité. Pour les installations de 100 à 500 kWc, l’ajustement tarifaire vise à garantir l’équilibre financier des projets tout en limitant l’impact budgétaire pour l’État.
Les acteurs du secteur jugent néanmoins cette refonte trop brutale et mal anticipée. Ils demandent un cadre de transition permettant d’éviter un effondrement du marché sur les toitures commerciales et industrielles. L’absence de visibilité à court terme pourrait freiner le développement de nouveaux projets et contraindre les entreprises du secteur à revoir leurs perspectives de croissance.