Les prix du gaz naturel destiné à être livré en Europe l’hiver prochain atteignent des sommets. Cette augmentation serait principalement liée à la réduction de l’approvisionnement en gaz russe. Ainsi, les contrats du NBP et du TTF pour cet hiver pourraient atteindre des records.
Le 6 juillet, les contrats de NBP étaient évalués à 430 pence/therm, ceux du TTF atteignaient 172,125 €/MWh. Le lendemain, ils passaient respectivement à 443 pence/therm et 182 €/MWh. Si l’on observe une flambée des prix, la hausse devrait se poursuivre. À titre de comparaison, les prix ont été multipliés par 7 par rapport à la même date en 2021.
Une reconfiguration du marché du gaz européen
Les hausses des prix semblent toujours suivre des événements spécifiques. Avant 2021, le record concernant le NBP était de 535 p/th. Celui-ci avait été atteint le 1er mars 2018. À l’époque, l’Europe subissait une importante vague de froid. Depuis, les pics se multiplient. Le 7 mars, le BNP atteignait 800 p/th.
L’année 2021 marque un réel tournant dans le marché du gaz européen. L’approvisionnement par gazoduc via l’Ukraine entre dans une deuxième phase, à la suite d’un accord trouvé avec la Russie. Celui-ci prévoyait alors un transit moyen inférieur aux niveaux de 2019 et 2020.
De plus, l’été 2021 marque la fin des réservations de capacités à long terme via le gazoduc Yamal. Ainsi, à partir d’octobre, la capacité mensuelle est réduite à un tiers de la capacité technique.
Plus récemment, le 22 février 2022, la certification de Nord Stream 2 est suspendue. Cet événement intervient deux jours avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En conséquence, on observe une hausse des prix du gaz du fait de la contraction de l’offre avec une demande soutenue.
La flambée des prix débute réellement en mars 2022, alors que l’Europe cherche à reconstituer ses réserves de gaz sans Yamal. Par la suite, une forte baisse des exportations intervient après une déclaration de maintenance controversée du géant gazier russe Gazprom. Il pousse alors les prix du contrat Hiver à un niveau encore plus élevé.
Quelle suite pour les Européens ?
Les prix du gaz ne cessent d’augmenter alors qu’il devient nécessaire de trouver des alternatives au gaz russe. L’effondrement de l’offre russe joue un rôle central. Ainsi, le contexte exacerbe la concurrence gazière mondiale. Avant 2021, les prix étaient rarement supérieurs à 100 p/th. De fait, l’approvisionnement russe permettait de contenir les prix.
On a d’abord assisté à l’échec de la vente aux enchères annuelle de Yamal avant d’observer une réduction du débit. De cette manière, le NBP de l’hiver 2022 est passé de 92,85 p/th à 129,50 p/th le 5 octobre 2022. Entre cette date et l’arrêt éventuel des exportations de base, le contrat a atteint une moyenne de 132,742 p/th.
On peut déjà observer un pic à 330 p/th le 21 décembre. Même phénomène entre fin décembre et le pic de mars. Le contrat a atteint une moyenne de 215,043 p/th et un pic de 368,65 p/th le 8 mars. Cela se poursuit avec une moyenne de 248,644 p/th entre le 8 mars et le 14 juin. La période est en plus marquée par la réduction des exportations de Nord Stream.
Illustration : Energy industry illustrations par SOFIA ZHELTUKHINA