Les petits réacteurs américains veulent faire entrer le nucléaire dans une nouvelle ère

Les collectivités et les entreprises américaines s'intéressent aux petits réacteurs nucléaires de nouvelle génération pour remplacer les centrales existantes, mais seul le modèle de NuScale a été validé à ce jour. La commercialisation et l'exploitation sont encore semées d'embûches réglementaires et financières.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

Une nouvelle génération à venir de petits réacteurs nucléaires américains attire collectivités et élus, jusqu’en Europe, mais la voie vers la commercialisation et l’exploitation est encore semée d’embûches, réglementaires et financières.

Lors d’une audition au Congrès, il y a quelques jours, la secrétaire américaine à l’Energie, Jennifer Granholm, a réaffirmé l' »importance de l’énergie nucléaire » dans l’offre d’électricité des années à venir aux Etats-Unis. En l’absence de nouveau projet de centrale traditionnelle et avec le vieillissement du parc existant, l’avenir de l’industrie repose sur les petits réacteurs de nouvelle génération, les SMR (small modular reactors).

« J’ai parlé à de nombreux responsables de régies publiques et (…) beaucoup disent vouloir construire des SMR et pas de grands réacteurs », explique William Freebairn, spécialiste du secteur chez S&P Global. Selon lui, il s’agit souvent de remplacer des centrales à charbon dans des régions reculées, où « la possibilité d’installer un réacteur classique est très limitée ».

L’élan est encouragé par le gouvernement américain, dont le paquet fiscal IRA (Inflation Reduction Act), voté l’an dernier, prévoit des crédits d’impôts atteignant jusqu’à 30% des investissements. Plusieurs entreprises américaines développent actuellement leur propre SMR, moins onéreux que leurs grands frères et, a priori, avec un délai de construction resserré et de moindres besoins en combustible, donc potentiellement moins de déchets nucléaires.

Un seul d’entre eux, le modèle de la start-up NuScale, a néanmoins été, à ce stade, validé par la Commission de régulation nucléaire (NRC) américaine, en janvier dernier, six ans après le dépôt de sa demande. « Les autres pays du monde qui sont intéressés par (le nucléaire) regardent de près ce qu’il se passe aux Etats-Unis et sont prêts à (passer commande) une fois que la NRC a donné son autorisation », souligne Bahram Nassersharif, directeur du programme d’ingénierie nucléaire à l’université de Rhode Island.

Basé à Portland (Oregon), NuScale tablait initialement sur une première mise en service de son petit réacteur d’une capacité de 77 mégawatts, contre environ 1.000 pour les centrales standard, en 2026 à Idaho Falls (Idaho, nord-ouest), mais il a dû repousser l’échéance à 2030. Le temps est compté, car outre les concurrents américains, d’autres pays, notamment France et Corée du Sud, travaillent à la production de SMR.

Quelque 70 à 80 projets coexistent dans le monde. La facture de la centrale NuScale a été récemment revue en hausse de 75%, à 9,3 milliards de dollars, dont 4,2 seront pris en charge par différents mécanismes publics. Le groupement de collectivités sous contrat avec NuScale a perdu des membres et doit impérativement s’engager à absorber un niveau minimum de production d’ici la fin de l’année, faute de quoi le projet pourrait être purement et simplement annulé. « Nous sommes à fond dans la recherche de nouveaux participants et nous visons aussi d’obtenir des membres actuels qu’ils augmentent leurs engagements », indique Stephen Handy, porte-parole du groupement, baptisé UAMPS.

« Beaucoup plus sûrs »

« Le projet initial est toujours le plus difficile », résume Chris Levesque, directeur général de TerraPower, qui doit prochainement mettre en chantier un prototype de son réacteur, baptisé Natrium et développé en collaboration avec GE Hitachi, à Kemmerer, dans le Wyoming, sur le site d’une centrale à charbon. « Il y a le coût de conception, qu’il ne faudra pas débourser pour les suivants, les autorisations réglementaires et l’expérience à acquérir, car c’est la première fois », explique le dirigeant de cette société créée par un groupe d’investisseurs emmené par Bill Gates.

A la différence du prototype de NuScale, à eau pressurisé comme les réacteurs conventionnels, le Natrium utilise la technologie dite des sels fondus, qui ne présente pas de risque d’explosion et ne nécessite pas d’enceinte de confinement volumineuse. Pour parvenir à mettre en service un réacteur dès 2027 à Champagne (Illinois), une autre start-up américaine, Ultra Safe Nuclear Corporation (USNC), a choisi une approche réglementaire qui lui permet de faire homologuer les différents éléments de son installation au fil de sa construction plutôt qu’une validation a priori de tout le projet.

A plus long terme, USNC veut proposer des réacteurs composés d’éléments standardisés, susceptibles d’être produits en usine puis acheminés sur site, ce qui réduirait sensiblement les coûts et les délais, explique Daniel Stout, responsable nucléaire de la société de Seattle (Etat de Washington). Les Américains restent divisés sur l’utilisation du nucléaire, même si la proportion de ceux qui y sont opposés a reflué depuis 2016, de 54% à 47% en 2022, selon un sondage de l’institut Gallup.

Les nouveaux acteurs du nucléaire américain présentent leurs SMR comme peu, voire pas susceptibles d’incident grave et d’irradiation ou de contamination, du fait de leur taille réduite et des technologies employées, qui excluent notamment la fonte du coeur du réacteur. « Nous voulons prouver aux régulateurs que nous n’avons pas besoin de plans d’évacuation massifs », clame Daniel Stout, « parce que notre conception exclut un accident qui le justifierait. »

« Les accidents majeurs ainsi que des incidents plus mineurs ont permis d’apprendre beaucoup, et ces leçons ont été incorporées dans les nouveaux modèles », selon Baham Nassersharif, pour qui « les nouveaux réacteurs sont globalement beaucoup plus sûrs que ceux de la génération précédente ».

Le Kyrgyzstan mise sur un petit réacteur nucléaire russe pour combler sa crise énergétique

Bichkek projette d’accueillir un réacteur modulaire RITM-200N fourni par Rosatom afin de pallier ses pénuries d’électricité et renforcer ses liens énergétiques avec Moscou, malgré les risques liés aux sanctions occidentales.

TEPCO pourrait relancer la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa dès janvier

L’assemblée préfectorale de Niigata se prononcera sur la reprise de l’unité 6, marquant une potentielle première relance pour TEPCO depuis la catastrophe de Fukushima en 2011.

La Norvège soumet à consultation transfrontalière son projet de centrale nucléaire

Le gouvernement norvégien a lancé une consultation auprès de ses voisins sur son projet de centrale nucléaire modulaire à Aure et Heim, conformément à la Convention d’Espoo.
en_114001092025540-1

TÜNAŞ et KEPCO scellent un accord pour accélérer le nucléaire en Türkiye

La Türkiye et la Corée du Sud ont signé un protocole d'accord pour explorer ensemble des projets de centrales nucléaires, marquant une étape stratégique dans le développement de l'infrastructure énergétique turque à long terme.

La Banque asiatique de développement ouvre ses financements au nucléaire civil

La Banque asiatique de développement a modifié sa politique énergétique pour permettre le financement de projets nucléaires civils dans les pays membres en développement de la région Asie-Pacifique.

First Hydrogen lance un projet sur les combustibles pour réacteurs nucléaires modulaires à sels fondus

First Hydrogen démarre des recherches avec l’Université de l’Alberta pour identifier des mélanges de sels fondus simulant les combustibles nucléaires destinés aux prototypes de petits réacteurs modulaires.
en_1140251148540

Framatome livre ses premiers assemblages de combustible nucléaire pour Barakah

Framatome a achevé la fabrication des premiers assemblages de combustible nucléaire destinés à la centrale de Barakah, marquant une étape clé dans l’accord de fourniture signé avec l’Emirates Nuclear Energy Company en juillet.

Le deuxième réacteur de Zhangzhou injecte ses premiers kilowattheures sur le réseau

Le réacteur Hualong One de la centrale nucléaire de Zhangzhou a été raccordé au réseau, marquant une étape majeure dans le déploiement du programme nucléaire civil chinois en cours d’expansion.

Rosatom obtient l’autorisation de produire des composants de SMR en impression 3D

Le groupe nucléaire public russe Rosatom a validé la fabrication additive de pièces pour ses petits réacteurs modulaires, marquant une première industrielle pour l’équipement des centrales SMR RITM-200.
en_11402411138540

Maritime Fusion lève $4.5mn pour alimenter les navires grâce à l’énergie de fusion

La start-up californienne Maritime Fusion, soutenue par Y Combinator et Trucks VC, mise sur une approche décentralisée de la fusion pour conquérir le marché maritime et les applications hors réseau.

Bayridge Resources acquiert 51 % du projet d’uranium de Baker Lake au Nunavut

Bayridge Resources sécurise une participation majoritaire dans un projet d’uranium avancé au Canada, renforçant ainsi sa présence stratégique dans une région géologiquement prometteuse.

Plus de 15 000 tonnes de béton recyclé de Sizewell A réinjectées à Sizewell C

Un volume important de béton issu du démantèlement de la centrale nucléaire Sizewell A est transféré pour soutenir les fondations du projet Sizewell C, dans le cadre d’un accord entre acteurs du nucléaire britannique.
en_1140221140540

KEPCO et ENEC renforcent leur alliance autour du nucléaire et de l’intelligence artificielle

Le groupe coréen KEPCO et la société émiratie ENEC ont signé deux protocoles d’accord visant à étendre leur coopération dans le nucléaire civil, l’intelligence artificielle et les technologies numériques à destination de nouveaux marchés internationaux.

L’armée américaine sélectionne neuf sites pour accueillir ses futurs microréacteurs nucléaires

Le programme Janus prévoit le déploiement progressif de microcentrales nucléaires sur neuf bases militaires pour renforcer l’autonomie énergétique des installations critiques du Département de l’armée des États-Unis.

Lightbridge lance les essais d’irradiation de son alliage combustible aux États-Unis

L’Idaho National Laboratory a démarré les tests d’irradiation sur des échantillons d’uranium-zirconium de Lightbridge dans son réacteur expérimental, étape clé pour la validation industrielle du combustible nucléaire avancé.
en_11402020201130540-1

NexGen entame les audiences fédérales finales pour le projet nucléaire Rook I

NexGen Energy a ouvert les audiences de la Commission canadienne de sûreté nucléaire pour l’approbation finale de son projet d’uranium Rook I, après plus de six années de processus réglementaire.

Oklo signe un contrat avec Siemens Energy pour le système de conversion de l’Aurora

Oklo a conclu un accord contraignant avec Siemens Energy pour accélérer la fabrication du système de conversion d’énergie de sa première centrale nucléaire avancée aux États-Unis.

Nouveau revers pour TEPCO à Kashiwazaki-Kariwa à 48h d’un feu vert politique crucial

Un incident de gestion de documents de sécurité à la centrale nucléaire relance les doutes sur TEPCO alors qu’une décision décisive sur le redémarrage des réacteurs 6 et 7 est attendue à Niigata.
en_114020201128540

Washington scelle un accord nucléaire civil avec Riyad sous haute tension politique

Un accord initial de coopération nucléaire civile a été signé entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, suscitant des appels du Congrès américain à des garanties strictes pour éviter une course à l’armement au Moyen-Orient.

CGN active Zhaoyuan pour contourner les restrictions américaines et sécuriser ses réacteurs Hualong One

Le lancement du chantier nucléaire de Zhaoyuan ancre le modèle Hualong One dans l’intérieur chinois, illustrant la stratégie de normalisation réglementaire de Pékin face aux restrictions technologiques occidentales.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.