Au Pays-Bas, le nucléaire semblait avoir peu d’avenir jusqu’à récemment, cependant le gouvernement annonce un nouveau programme nucléaire.
Un soutien politique indispensable
Au Pays-Bas, un programme nucléaire va voir le jour. Le gouvernement annonce la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires ainsi que la prolongation de celui existant. Le contexte favorise ce soutien, entre crise énergétique et baisse de la production gazière.
Les responsables devront toutefois faire face à la maîtrise des coûts ainsi qu’à une perte de savoir-faire pour la construction. Les Pays-Bas prévoient la construction de deux réacteurs nucléaires de génération III+. D’après les plans préliminaires, ils seraient en phase d’achèvement vers 2035 et auraient une capacité respective de 1000 à 1650MWe.
Les deux réacteurs fourniraient ainsi 9 à 13% de la production des Pays-Bas en 2035. Le conseil des ministres néerlandais désigne le site de la centrale nucléaire de Borssele comme emplacement privilégié pour les deux nouveaux réacteurs. Cela permettra de bénéficier de l’expérience, ainsi que des infrastructures existantes, telles que le stockage des déchets nucléaires.
De plus, le soutien local y est important. Le choix définitif du lieu ne sera probablement pas définitif avant la fin de 2024. Les réacteurs de génération III+ disposent d’améliorations en matière de sécurité, de durée de fonctionnement, de technologie du combustible et d’efficacité. Ils disposent, en outre, d’un large retour d’expérience internationale dans le déploiement de cette technologie.
La coalition à la tête des Pays-Bas soutient activement le nucléaire. Le gouvernement affectait auparavant €5 milliards à la construction de nouvelles centrales nucléaires. Ce montant provient d’un fonds de €35 milliards, destiné à financer la transition énergétique au cours de la prochaine décennie.
Un effort budgétaire
Les Pays-Bas allouaient auparavant €500 millions à la construction de nouvelles centrales d’ici 2025. Le Conseil des ministres demande une étude sur la prolongation de l’exploitation de Borssele, l’unique centrale nucléaire existante aux Pays-Bas. Il s’agit de prolonger la durée d’exploitation après 60 ans de fonctionnement, au-delà de 2033.
Toutefois, afin de permettre une telle prolongation, une révision de la loi sur l’énergie nucléaire sera nécessaire. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection est en charge d’examiner si l’exploitation du réacteur à eau pressurisée existant de 482MWe est techniquement fiable. Le gouvernement exige que Borssele reste dans les 25% des centrales les plus sûres.
Le programme nucléaire s’inscrit dans la volonté de la coalition d’être à l’avant-garde de l’Europe contre le réchauffement climatique. Cependant, les Pays-Bas sont en retard, notamment par rapport aux objectifs européens vers le net zéro. En vertu de la législation européenne, 14% de la consommation d’énergie aux Pays-Bas devait être renouvelable en 2020.
Toutefois, le pays n’atteint finalement que 11%. Pour répondre à ces objectifs les dirigeants se dotent d’un fonds pour le climat de €35 milliards. Ils prévoient notamment des subventions pour les énergies renouvelables, ou encore un système de tarification du CO2 sur les routes en 2030.
Si les deux nouvelles centrales nucléaires ne contribuent pas aux objectifs de 2030, elles pourront contribuer à ceux de 2050. Pour atteindre l’objectif de zéro émission nette en 2050, le nucléaire représente une solution adéquate pour le gouvernement des Pays-Bas. En outre, ces dernières années, les Pays-Bas étaient un grand fournisseur de gaz.
Des défis à relever
Cependant, depuis 2018, le pays devient un importateur net de gaz. Cela résulte des réductions d’extraction dans le champ gazier de Groningue. Par ailleurs, les poches de vide souterraines créées par l’extraction du gaz provoquent de nombreux séismes dans la région, motivant l’arrêt de l’activité du site.
Ainsi, le programme nucléaire des Pays-Bas lui permettra de faire face à ces évènements et d’assurer une partie de sa sécurité énergétique. Cependant, le coût sera l’un des principaux obstacles. Le montant alloué actuellement s’élève à €5 milliards.
Cependant, plusieurs exemples récents montrent que le budget initial peut excéder le plafond initial. C’est le cas en Finlande avec le réacteur Olkiluoto 3, qui dépasse plusieurs fois le budget avec plus de 10 ans de retard. Un autre exemple similaire se trouve en France avec Flamanville 3.
Enfin, l’achèvement de Hinkley Point C au Royaume-Uni coûtera £500 millions supplémentaires par rapport au budget initial. La maîtrise des coûts et du calendrier sera donc cruciale. En outre, les Pays-Bas font face à une perte de connaissances et d’expertise pour la construction d’infrastructures nucléaires.
La dernière centrale nucléaire aux Pays-Bas achevait sa construction il y a plus de 50 ans. Il apparaît dès lors nécessaire que le gouvernement doit investir. L’ensemble de la chaîne de construction doit bénéficier de cet effort, de la construction à la formation professionnelle.