L’Afrique détient environ 30% des réserves mondiales de minerais indispensables aux technologies énergétiques bas carbone, incluant le lithium, le graphite et le cobalt. Ces matériaux sont essentiels à la fabrication de panneaux solaires, de batteries, de véhicules électriques et d’équipements pour l’hydrogène vert. Dans ce contexte, les dirigeants africains cherchent à tirer un meilleur parti de ces ressources en favorisant la transformation locale plutôt que l’exportation brute.
Vers une industrialisation verte continentale
Lors du Sommet africain pour le climat de 2025 à Addis-Abeba, plusieurs chefs d’État ont plaidé pour une industrialisation verte fondée sur la transformation locale des minerais. Le thème du sommet, axé sur l’énergie renouvelable, la mobilité électrique et les solutions basées sur la nature, a mis en lumière les enjeux économiques liés à la chaîne de valeur des ressources naturelles. Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), a appelé les gouvernements africains à renforcer les investissements dans l’industrie locale et la coopération régionale.
L’enjeu, selon les participants, est de rompre avec les modèles d’exploitation hérités du passé, où les matières premières étaient systématiquement exportées sans traitement préalable, réduisant ainsi la part de valeur captée localement.
Initiatives régionales autour des batteries et des véhicules électriques
Dans cette optique, l’initiative conjointe entre l’UNECA et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) sur les batteries et les véhicules électriques (Battery and Electric Vehicle Initiative) représente une première concrétisation. Lancée en République démocratique du Congo (RDC) et en Zambie, elle prévoit la création de zones économiques spéciales consacrées à la fabrication de composants de batteries.
L’objectif est de favoriser l’émergence d’une base industrielle capable de répondre à la demande mondiale tout en créant des emplois qualifiés sur le continent. Cette initiative s’inscrit également dans le cadre plus large de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui vise à structurer des chaînes de valeur régionales et à réduire la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs.
Vers une stratégie commune sur les minerais critiques
Afin d’ancrer cette dynamique dans la durée, l’UNECA soutient également la création de l’Alliance future pour les minerais critiques africains (Future African Critical Minerals Alliance). Cette coalition vise à harmoniser les stratégies nationales autour d’un cadre commun de gestion, d’exploitation et de transformation des ressources. Elle cherche notamment à garantir que ces actifs contribuent au renforcement de la souveraineté économique du continent et non à de nouvelles formes de dépendance.
Les perspectives de croissance sont soutenues par les projections de la Fondation Mo Ibrahim, qui estime que la production des principaux minerais critiques pourrait croître de près de 500% d’ici 2050. Cette tendance accroît la pression sur les États africains pour qu’ils établissent des cadres industriels solides, capables de transformer cette richesse souterraine en valeur ajoutée durable.