Les fonds spéculatifs continuent d’accroître leur influence sur le marché européen du gaz, exacerbant la volatilité malgré des fondamentaux baissiers. Les données de l’Intercontinental Exchange (ICE) montrent que les positions longues des hedge funds sur les contrats à terme du Dutch TTF ont atteint des niveaux inédits, avec une participation qui s’élève désormais à près de 22% du total des positions, dépassant largement celle des années précédentes.
Cette augmentation des positions s’accompagne d’une volatilité intrajournalière notable. Les traders ont observé des pressions baissières sur les prix le matin, suivies de hausses l’après-midi, souvent attribuées à des stratégies de trading algorithmique. Ces fluctuations ne reflètent pas toujours les fondamentaux du marché, mais sont plutôt déclenchées par des réactions aux risques géopolitiques, notamment de la part des fonds spéculatifs américains.
Rôle des fonds américains et dynamique intrajournalière
Les hedge funds basés aux États-Unis ont un impact significatif sur le marché européen du gaz, en réagissant plus aux nouvelles géopolitiques qu’aux dynamiques d’offre et de demande locales. Cela a mené à une volatilité accrue, les prix du gaz réagissant parfois à des événements qui, historiquement, n’auraient influencé que les marchés pétroliers, tels que les arrêts de maintenance sur le plateau continental norvégien.
Les volumes de transactions sur les points de trading virtuels européens ont connu une augmentation substantielle en 2024, ce qui indique une participation croissante des fonds d’investissement dans ces marchés. Selon un rapport de l’ACER, les volumes échangés ont bondi à 249 TWh/jour au premier semestre 2024, contre 178 TWh/jour en 2023. Cette montée en flèche des transactions est révélatrice de la stratégie des fonds qui cherchent à tirer profit des écarts saisonniers (été-hiver) tout en minimisant les risques liés à une prise de livraison physique.
Perspectives pour 2025 et conséquences sur le marché
En se positionnant massivement sur les contrats pour l’été 2025, les hedge funds anticipent une possible tension sur les stocks de gaz, malgré un marché actuellement bien approvisionné. L’absence de nouveaux projets majeurs de GNL avant cette date, combinée à l’incertitude autour de l’accord de transit entre la Russie et l’Ukraine, pousse ces acteurs à se couvrir contre des scénarios défavorables, alimentant ainsi la volatilité future du marché.
Cette situation, où la spéculation prend le pas sur les fondamentaux, pourrait continuer à influencer de manière imprévisible les prix du gaz en Europe, surtout à l’approche de l’hiver. Les hedge funds, en maintenant leurs positions longues, pourraient créer des conditions de marché plus erratiques, augmentant les risques pour les autres acteurs du secteur.