En avril, les flux de gaz russe vers l’Europe diminuent par rapport au mois de mars. Cependant, l’offre reste supérieure aux niveaux de janvier et de février. Le mois dernier, les exportations russes vers l’Europe via les quatre corridors principaux s’élèvent à 8,27 milliards de mètres cubes (mmc).
Les flux de gaz russe vers l’Europe chutent en avril
Par rapport à l’offre de mars, il s’agit d’une baisse de 9,79 mmc. Néanmoins, les approvisionnements d’avril ont été supérieurs aux 7,26 mmc de janviers et aux 7,79 mmc de février. Et ce, malgré un resserrement des flux de gaz russe via le Belarus.
Les flux via Yamal-Europe sont fortement limités depuis la fin décembre. Il fonctionne principalement vers l’est, de l’Allemagne vers la Pologne.
Le 27 avril, Gazprom a interrompu ses livraisons de gaz à la Pologne et à la Bulgarie. Toutefois l’impact réel sur l’ensemble des livraisons de gaz russe vers l’Europe ne sera visible qu’en mai. Cette interruption a suscité de nouvelles inquiétudes sur le marché européen du gaz. Ainsi, les prix du gaz restent élevés.
Le 8 mars, le prix du TTF pour le mois à venir atteint un niveau record de 212,15 €/MWh. Le 5 mai, le contrat a été évalué à 107 €/MWh, soit une hausse de 365 % sur l’année.
Les livraisons de gaz russe via l’Ukraine ralentissent
Les flux via l’Ukraine ont chuté en avril. Les livraisons à Velke Kapusany, principal point d’entrée situé à la frontière slovaque, se sont élevées, en moyenne, à 57 millions de mètres cubes par jour. Cette baisse des approvisionnements via l’Ukraine s’explique à la chute des prix spot européens, ce qui a conduit les acheteurs à réduire leurs achats russes.
Les approvisionnements via Velke Kapusany ont atteint, en moyenne, 78 millions de mètres cubes par jour en mars. Les flux vers l’Europe, via l’Ukraine, ont atteint le maximum contractuel après que l’invasion a déclenché de fortes hausses des prix au comptant en Europe. Ainsi, le gaz sous contrat de Gazprom est devenu plus compétitif par rapport au gaz des hubs européens.
Au total, les livraisons russes via l’Ukraine ont atteint 110 millions de mètres cubes par jour, conformément aux obligations contractuelles de Gazprom. Elle avait signé un accord de transit de 5 ans avec l’Ukraine en décembre 2019. Ainsi, Gazprom avait accepté de faire transiter 65 mmc de gaz via l’Ukraine en 2020, et 40 mmc par an au cours de la période 2021-2024.
Cela est bien inférieur au récent pic de 94 mmc en 2017. En 2021, Gazprom a livré 41,6 mmc de gaz via l’Ukraine. Cela après avoir complété ses obligations contractuelles par des réservations à plus court terme.
Les livraisons via TurkStream diminuent également
En avril, les approvisionnements via TurkStream ont également été inférieurs à 0,85 mmc. Ils ont été supérieurs à 1 mmc au cours des quatre mois précédents. Les flux au point d’entrée de Strandzha, à la frontière entre la Turquie et la Bulgarie, sont tombés à 21 millions de m3/j le 27 avril. Ce chiffre est inférieur au flux de 43 millions de m3/j observé fin 2021.
Les livraisons totales de gaz vers l’Europe du Sud-Est, via TurkStream, en 2021 s’élevaient à 11,6 mmc, soit 32 millions de m3/j. Le gazoduc a été mis service en janvier 2020. Elle a déclenché un remaniement important de la manière dont le gaz russe atteint l’Europe du Sud-Est.
L’un des tronçons de 15,75 de 17,75 mmc/an alimente directement le marché turc. Il permet de remplacer les volumens précédemment livrés via l’Ukraine et le gazoduc Trans-Balkan. Le second tronçon arrive en Bulgarie, à Strandzha. Le gaz livré à la BUlgarie devait principalement rester en Bulgarie ou transiter vers la Grèce et la Macédoine du Nord. Cependant, depuis le début de 2021, ce gaz est également acheminé vers la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et la Hongrie (depuis octobre 2021).
La Roumanie dépend principalement du gaz russe acheminé via TurkStream. Néanmoins, au premier trimestre, elle a également repris de petites importations depuis Isaccea, à la frontière avec l’Ukraine. Toutefois, les flux vers ce point d’entrée ont été nuls en avril. Les importations via Isaccea ont été interrompues d’avril à décembre de l’année dernière.