Les Émirats arabes unis (EAU) se trouvent au centre d’une controverse sur leurs niveaux de production de pétrole. Officiellement liés par des quotas stricts établis par l’OPEP+ depuis 2023, leurs volumes d’exportation dépassent systématiquement les limites fixées. Selon les données récentes de Commodities at Sea (CAS), les exportations des EAU ont atteint en moyenne 3,6 millions de barils par jour (b/j) de janvier à octobre 2024, bien au-delà du quota officiel de 2,912 millions b/j.
Les estimations varient selon les sources. Si l’Agence internationale de l’énergie (AIE) évalue la production des EAU à 3,23 millions b/j pour octobre, d’autres observateurs avancent des chiffres allant jusqu’à 3,7 millions b/j. Ces écarts soulèvent des doutes sur le respect des quotas par les EAU, une situation qui pourrait affaiblir les efforts de l’OPEP+ pour stabiliser le marché pétrolier.
Quotas non respectés et surcapacités
Les quotas de production sont un pilier essentiel de l’accord de coopération de l’OPEP+, conçu pour équilibrer l’offre et la demande mondiales. Toutefois, les chiffres des exportations des EAU, qui excluent le pétrole raffiné domestiquement, laissent supposer des écarts significatifs. Les installations locales, notamment le complexe Ruwais d’Abu Dhabi, qui peut traiter jusqu’à 837 000 b/j, compliquent davantage le calcul des volumes exacts.
En parallèle, le gouvernement des EAU réfute les accusations, avançant que les condensats et les liquides de gaz naturel, non soumis aux quotas de l’OPEP+, sont souvent confondus avec du pétrole brut dans les analyses. Cependant, plusieurs analystes estiment que ces arguments ne suffisent pas à justifier les écarts relevés par les systèmes de suivi maritime et les données commerciales.
Un contexte géopolitique tendu
Cette situation intervient dans un contexte où l’OPEP+ peine à maintenir l’unité parmi ses membres. Si l’attention s’est principalement portée sur des pays comme l’Irak ou la Russie pour leur non-conformité, l’absence de sanctions visibles contre les EAU pourrait créer des tensions internes. En juin 2025, les Émirats devraient bénéficier d’une augmentation de leur quota de 300 000 b/j, suite à des négociations intenses avec leurs partenaires.
En plus de son rôle clé au sein de l’OPEP+, Abu Dhabi a investi massivement pour augmenter sa capacité de production à 4,85 millions b/j, avec un objectif de 5 millions b/j d’ici 2027. Cette stratégie souligne l’ambition des Émirats de devenir un acteur énergétique incontournable, tout en visant une autosuffisance gazière à l’horizon 2030.
Un défi pour l’équilibre du marché pétrolier
Le non-respect des quotas par les EAU pourrait avoir des conséquences sur le marché pétrolier mondial. Les analystes craignent une surabondance d’offre, susceptible de faire chuter les prix à court terme. Pour les membres de l’OPEP+, l’enjeu est double : maintenir un front uni face aux défis extérieurs et garantir que tous les membres respectent leurs engagements.
En revanche, pour les Émirats, pomper davantage semble stratégique, permettant de maximiser les revenus à court terme tout en renforçant leur influence sur le marché énergétique mondial. Selon une estimation du Baker Institute for Energy Policy, l’exploitation totale des capacités des Émirats pourrait générer jusqu’à 70 milliards de dollars annuels d’ici 2028.