Les exportations américaines de GNL sont en hausse. Si la promesse du président américain Joe Biden d’assurer de nouveaux approvisionnements en GNL a été accueillie avec scepticisme, les exportations américaines de GNL vers l’Europe sont en passe de dépasser la promesse.
Les exportations américaines pour renforcer les liens avec l’Europe
Cette augmentation des exportations américaines de GNL vers l’Europe s’inscrit dans une volonté de renforcement des liens énergétiques avec l’Europe. Cette stratégie du gouvernement Biden est un moyen de combattre l’influence de la Russie sur le marché de l’énergie.
Les États-Unis ont exporté environ 57 milliards de mètres cubes de GNL jusqu’en juin. 39 milliards de m3, soit 68%, étaient à destination de l’Europe. En 2021, les exportations américaines de GNL vers l’Europe étaient de l’ordre de 34 milliards de m3, soit 35%.
Ainsi, les États-Unis ont envoyé plus de gaz en Europe au cours des six derniers mois qu’ils ne l’ont fait durant 2021. Dans une optique où le rythme des exportations américaines de GNL se poursuit durant le second semestre, l’augmentation totale par rapport à 2021 serait de 45 milliards de m3. Toutefois, le rythme s’est ralenti en juin, du fait d’un incident provoquant la fermeture de Freeport LNG, fournissant 20% des volumes de GNL.
En revanche, étant donné l’augmentation de la demande mondiale, les importations européennes se font au détriment des pays plus pauvres. Ainsi, le Pakistan et l’Inde pourraient être confrontés à des déficits énergétiques ou alors être poussés à conclure des accords avec la Russie.
Un marché plus lucratif en Europe
Selon les analystes, ce changement se produit car les expéditeurs sont prêts à payer des pénalités contractuelles pour livrer l’Europe. Ainsi, les cargaisons sont détournées vers la région où les prix élevés couvrent les frais. Donc, les pénalités contractuelles, pour ne pas exporter le GNL américains à des pays comme le Pakistan, sont amorties.
Ed Hirs, économiste de l’énergie à l’Université de Houston, déclare:
« Les cargaisons vont aller là où le marché l’exige. »
L’industrie, dominée par des sociétés comme Cheniere Energy Inc et TotalEnergies, s’est révélée beaucoup plus souple que les analystes ne le pensaient. Selon eux, l’objectif de Joe Biden était irréalisable. Henning Gloystein, directeur de l’énergie et du climat à l’Eurasia Group, commente:
« Il [le marché] est devenu beaucoup plus flexible que la plupart des gens ne le pensaient il y a seulement trois mois. »
En revanche, cela a entraîné une baisse des importations de GNL américains dans les pays qui paient le moins. Le Pakistan a diminué de 72% ses importations tandis que celles de la Belgique ont augmenté de 650%.
En 2021, les prix moyens étaient de 16,04$ en Europe, 18$ en Asie et 3,73$ aux États-Unis. En 2022, les prix de référence du gaz en Europe sont de 34,06$/mmBtu. Cependant, en Asie, la moyenne est de 29,99$ et 6,12$ pour les États-Unis.
L’Europe reste dans une position précaire
Malgré l’augmentation inattendue de la part du GNL américain, l’UE est toujours dans une position précaire. Elle a mis en place un plan pour que les États membres réduisent leur consommation de gaz de 15% jusqu’en mars. Notamment, car la Russie continue de menacer de ne plus fournir de gaz.
De plus, les déplacements des exportations américaines de GNL ne dureront pas. Les prix asiatiques et sud-américains augmentent afin d’attirer davantage de cargaisons. De plus, les clients intentent des actions en justice, afin d’exiger des livraisons dans le cadre des contrats.
La Commission doit veiller à ce que l’UE puisse recevoir environ 50 milliards de m3 d’exportations de GNL américain supplémentaire d’ici 2030. Les États-Unis sont en passe de dépasser ce chiffre en 2022.
Monsieur Biden ainsi qu’Ursula Von Der Leyen, ont annoncé un projet de création de groupe de travail ayant pour but de réduire la dépendance de l’Europe à l’égard du gaz russe.