Le gouvernement des États-Unis investit massivement dans le développement de la production domestique de batteries. Le Département de l’Énergie (DOE) a annoncé une enveloppe de 3 milliards de dollars destinée à financer 25 projets répartis dans 14 États. Cette initiative vise à renforcer la production nationale de batteries, à accroître les capacités de recyclage et à soutenir l’approvisionnement en matériaux critiques, notamment ceux essentiels à la production de batteries lithium-ion. L’objectif est clair : réduire la dépendance des États-Unis vis-à-vis de la Chine, aujourd’hui leader mondial sur ces segments stratégiques.
L’administration américaine a mis en place des incitations fiscales et réglementaires pour encourager la localisation de la production de véhicules électriques (VE) et de leurs composants clés. Le financement annoncé s’inscrit dans cette stratégie plus large, qui vise à sécuriser l’approvisionnement en ressources critiques, tout en développant des emplois sur le sol national. Cette mesure s’accompagne d’une volonté de développer des technologies avancées, allant des batteries à l’état solide à de nouveaux électrolytes.
Renforcement de la production locale et diversification des sources
L’investissement du DOE cible spécifiquement la production de matériaux critiques, notamment ceux utilisés dans la fabrication de batteries de nouvelle génération. Albemarle, par exemple, recevra 67 millions de dollars pour un projet en Caroline du Nord visant à produire des anodes pour les batteries lithium-ion. En parallèle, Honeywell bénéficie d’un financement de 126,6 millions de dollars pour la construction d’une usine en Louisiane, dédiée à la production d’un sel électrolyte, indispensable à ces batteries.
Cette initiative a pour objectif d’encourager l’autosuffisance américaine en matière de composants critiques. Jusqu’à présent, une grande partie des déchets de production et des matériaux nécessaires à la fabrication des batteries étaient exportés, souvent vers la Chine, pour y être traités. Le gouvernement américain entend désormais inverser cette tendance en développant ses propres capacités de transformation.
Développement de nouvelles technologies pour une production optimisée
Une part importante des financements est dédiée à l’innovation technologique. Par exemple, le DOE prévoit d’allouer 225 millions de dollars à SWA Lithium, une joint-venture entre Standard Lithium et Equinor, pour l’extraction directe du lithium (DLE). Cette technologie, qui permet de produire du lithium à partir de saumures, est perçue comme une solution pour réduire la dépendance aux sources traditionnelles de lithium, notamment celles en provenance de Chine.
En parallèle, Revex Technologies est sur le point de recevoir 145 millions de dollars pour développer trois sites dans le Michigan, visant à transformer des déchets miniers en nickel. Cette initiative doit permettre de produire suffisamment de nickel pour alimenter la fabrication de 462 000 batteries de véhicules électriques par an, tout en réduisant les importations de métaux critiques.
Un soutien aux infrastructures de recyclage
Le recyclage des matériaux est également au cœur de cette stratégie. En effet, les déchets de production des batteries constituent une ressource précieuse qui, jusqu’à présent, était largement sous-exploitée aux États-Unis. Pour pallier cette situation, le DOE prévoit de soutenir des projets comme celui de Clarios Circular Solutions, qui, en partenariat avec SK ON et Cosmo Chemical, bénéficiera de 150 millions de dollars pour recycler les déchets de production de batteries lithium-ion.
Ce type d’investissement permet non seulement de réduire la dépendance aux importations de matériaux, mais aussi de créer un écosystème circulaire, où les ressources sont réutilisées pour maximiser l’efficacité des chaînes de production.
Vers une réduction des dépendances géopolitiques
Les États-Unis cherchent à diminuer leur dépendance vis-à-vis des pays tiers, en particulier la Chine, dans la chaîne d’approvisionnement des batteries. Actuellement, plus de 96 % du sulfate de manganèse, essentiel pour les batteries des véhicules électriques, est produit en Chine. Pour diversifier les sources d’approvisionnement, le DOE a attribué 166 millions de dollars à South32 Hermosa pour extraire du manganèse en Arizona, et 166,1 millions de dollars à Element 25 pour produire ce même matériau en Louisiane à partir de minerais australiens.
Ces investissements reflètent une volonté stratégique de sécuriser les ressources critiques nécessaires à la transition énergétique des États-Unis, tout en réduisant les risques liés aux tensions géopolitiques.
Des investissements structurants pour l’avenir énergétique
Le développement de la production nationale de batteries s’accompagne également de l’avancée de nouvelles technologies, notamment dans le domaine des batteries au silicium. Group14 Technologies, par exemple, recevra 200 millions de dollars pour construire une usine de production de silane, un matériau essentiel pour les batteries en silicium, actuellement produit principalement en Chine.
Le gouvernement américain cherche ainsi à encourager l’innovation dans la filière, tout en renforçant la sécurité d’approvisionnement en matériaux critiques. Cette stratégie vise à positionner les États-Unis en tant que leader mondial dans la production de batteries de nouvelle génération, tout en favorisant l’industrialisation sur le territoire national.