Les prix des crédits carbone en Australie, mesurés en unités de crédit carbone australien (ACCU), devraient poursuivre une trajectoire ascendante en 2025, soutenus par la baisse annuelle des seuils d’émission imposée par le mécanisme de sauvegarde du gouvernement et par d’éventuels retards dans la mise en œuvre des nouvelles méthodes de calcul.
Adopté en juillet 2023, le mécanisme de sauvegarde révisé impose une diminution des seuils d’émission de 4,9 % par an jusqu’en 2030, obligeant les installations concernées à réduire leurs émissions ou à acheter des crédits carbone pour respecter leurs obligations. Selon le rapport trimestriel du marché du carbone publié par la Commission de l’énergie propre (Clean Energy Regulator), cette mesure a commencé à restructurer le marché, les entités de sauvegarde se préparant à la première période de conformité fixée au 31 mars 2025.
Prix et tendances du marché
En 2024, les prix des crédits ACCU génériques ont enregistré une hausse de 15 % pour atteindre 38,80 $ australiens par tonne de CO2 équivalent (mtCO2e). Cependant, le segment premium, comme les crédits issus des méthodes de plantation environnementale (EP), a connu une baisse de prix significative, atteignant 49 $/mtCO2e, en raison d’un changement des priorités des acheteurs vers des projets offrant des co-bénéfices environnementaux et sociaux.
Les analystes prévoient un rebond des prix des crédits carbone, qui pourraient dépasser 45 $/mtCO2e en 2025. L’intérêt accru des acheteurs, notamment à l’approche des échéances réglementaires, devrait renforcer cette tendance. Toutefois, ce seuil pourrait représenter une résistance sur le marché, limitant les hausses dans un contexte de vigilance accrue quant à la qualité des projets.
Incertitudes sur l’offre
Bien que 2024 ait vu une augmentation notable des émissions d’ACCU, atteignant 19 millions d’unités, les retards dans l’approbation de nouvelles méthodes comme la gestion intégrée des fermes et des terres (IFLM) pourraient compromettre l’équilibre entre l’offre et la demande à moyen terme. Cette méthode, destinée à remplacer les projets basés sur la régénération induite par l’homme (HIR), n’est pas attendue avant plusieurs années, augmentant la pression sur les crédits existants.
Malgré cela, le gouvernement australien reste optimiste quant à la disponibilité suffisante de crédits pour répondre aux obligations réglementaires en 2025, selon un porte-parole du ministère du Changement climatique, de l’Énergie, de l’Environnement et de l’Eau.
Enjeux politiques
La prochaine élection fédérale, prévue pour la mi-2025, pourrait également influencer le marché. Une victoire du Parti travailliste ou une balance des pouvoirs en faveur des indépendants pourrait garantir une continuité des politiques actuelles, offrant une certaine stabilité aux acteurs du marché. À l’inverse, une victoire de la coalition, perçue comme moins favorable au système de crédits carbone, pourrait freiner la demande.
Cependant, les experts s’accordent à dire qu’une suppression complète du système ACCU reste peu probable, même en cas de changement de gouvernement. Les fondamentaux du marché, notamment la demande croissante des entités de sauvegarde, devraient continuer à dicter les prix.