L’EPR de Flamanville : Chronique d’un Parcours Chaotique et Enjeux du Renouveau Nucléaire

L’EPR de Flamanville symbolise les défis du nucléaire français : retards, surcoûts et perte de compétences. Alors que l’avenir se tourne vers les EPR2, la relance de cette filière stratégique reste semée d’incertitudes.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

Le réacteur EPR (European Pressurized Reactor) de Flamanville, récemment raccordé au réseau électrique, est l’aboutissement d’un chantier de 17 ans marqué par des déboires techniques et financiers. Cette réalisation, bien qu’attendue, met en lumière les difficultés structurelles de la filière nucléaire française, tout en ouvrant la voie à un ambitieux programme de relance.

Un chantier éprouvant : dates et faits marquants

Lancé en 2007 sur le site de Flamanville, dans la Manche, l’EPR devait initialement être achevé en 2012 pour un coût estimé à 3,3 milliards d’euros. Cependant, des anomalies techniques et organisationnelles ont continuellement repoussé l’échéance.

En 2015, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a détecté des défauts sérieux dans la cuve du réacteur, notamment une composition anormale de l’acier. À cela se sont ajoutés des problèmes de soudures sur le circuit primaire et des fissures dans le béton de l’enceinte. Ces retards ont quadruplé la facture, atteignant aujourd’hui 13,2 milliards d’euros selon EDF, et jusqu’à 19 milliards d’euros selon une évaluation de la Cour des comptes.

Ces difficultés ne sont pas uniques à la France. En Finlande, l’EPR d’Olkiluoto a accusé un retard de 12 ans avant sa mise en service en 2023. En Chine, les deux EPR de Taishan ont rencontré des incidents techniques malgré leur démarrage en 2018 et 2019, notamment une corrosion précoce signalée dès 2023.

Les leçons d’un projet en souffrance

La construction de l’EPR de Flamanville a mis en lumière des faiblesses structurelles dans la filière nucléaire française. L’une des principales causes identifiées est la perte de compétences due à une pause prolongée dans la construction de nouveaux réacteurs. Depuis Civaux 2, mis en service il y a 25 ans, aucun réacteur n’avait été construit en France, créant un vide générationnel chez les ingénieurs et techniciens.

La Cour des comptes a également pointé un manque de coordination entre les acteurs du projet, notamment EDF et les autorités de tutelle. Le suivi insuffisant du chantier, combiné à des estimations initiales irréalistes, a conduit à une succession d’erreurs coûteuses.

Pour tenter de remédier à ces problématiques, EDF travaille sur une nouvelle génération de réacteurs, les EPR2. Ces réacteurs seront conçus de manière numérique, avec une préfabrication en usine pour réduire les marges d’erreur et les délais de construction.

Un programme ambitieux mais fragile

En février 2022, le président Emmanuel Macron a annoncé la relance du nucléaire civil avec un plan de construction de six EPR2, accompagnés d’une option pour huit réacteurs supplémentaires. Ce programme, le premier depuis des décennies, s’inscrit dans une double stratégie : réduire les émissions de gaz à effet de serre et renforcer l’indépendance énergétique face à la Russie, principal exportateur mondial de centrales.

Cependant, les défis financiers sont colossaux. Le coût initial des six réacteurs EPR2 a déjà été réévalué à 67,4 milliards d’euros, soit une augmentation de 30 %. EDF, lourdement endetté, devra également trouver des solutions pour mobiliser les compétences nécessaires, tout en évitant de répéter les erreurs du passé.

Les débats publics : un enjeu démocratique

Le nucléaire reste un sujet clivant en France. Les débats publics organisés autour des futurs réacteurs de Penly et Gravelines ont révélé de profondes inquiétudes concernant les risques environnementaux, la gestion des déchets radioactifs et les impacts économiques.

Luc Marin, président du débat sur Gravelines, a résumé les attentes des citoyens en citant « les inquiétudes sur le risque nucléaire, la radioactivité, les déchets, et plus largement l’environnement. » Ces discussions permettent de renforcer la transparence autour des projets nucléaires, mais elles rallongent également les délais.

Une perspective internationale

La relance du nucléaire français dépasse les frontières nationales. EDF discute actuellement avec plusieurs pays, dont les Pays-Bas, la Pologne et la Finlande, pour la construction de nouveaux réacteurs. Toutefois, la concurrence est rude. En République tchèque, EDF a perdu un contrat au profit du coréen Kepco, une déconvenue qui souligne les enjeux de compétitivité pour la filière française.

Vers une nouvelle ère avec les SMR

En complément des EPR2, la France mise également sur les petits réacteurs modulaires (Small Modular Reactors, SMR). Ces unités, plus petites et moins coûteuses, pourraient répondre à des besoins spécifiques, comme l’électrification de sites industriels. EDF a revu cet été le design de son projet Nuward, qui reste cependant au stade de prototype.

Le Royaume-Uni lance TAE Beam UK soutenue par Google dans la fusion

Le Royaume-Uni et TAE Technologies créent une coentreprise à Culham pour produire des faisceaux neutres, un composant clé de la fusion, avec un soutien stratégique de Google.

Natura Resources accélère le développement de son réacteur nucléaire au sel fondu avec le soutien du DOE

Le développeur texan Natura Resources reçoit un nouveau soutien fédéral pour tester des composants critiques de son réacteur modulaire de 100 mégawatts en partenariat avec le laboratoire national d’Oak Ridge.

Le Japon s’apprête à voter sur la relance partielle de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa

L'assemblée régionale de Niigata délibère sur le redémarrage de l’unité 6 de la plus grande centrale nucléaire du monde, treize ans après l’arrêt imposé par la catastrophe de Fukushima.
en_11402222221228540

Belgique : Doel 2 définitivement arrêté après cinquante ans de production

Le réacteur Doel 2 a été mis hors service, devenant le cinquième réacteur belge à cesser ses activités dans le cadre de la politique nationale de sortie progressive du nucléaire.

Rolls-Royce SMR étend sa coopération nucléaire avec ÚJV Řež en Tchéquie

Rolls-Royce SMR a renforcé son partenariat avec ÚJV Řež pour accélérer le déploiement de petits réacteurs modulaires, en visant la construction de plusieurs unités en République tchèque et à l’international.

L’Inde prépare l’ouverture de son secteur nucléaire aux acteurs privés

Le gouvernement indien souhaite modifier sa législation afin d’autoriser les entreprises privées à participer au développement du nucléaire civil, une mesure présentée comme essentielle pour atteindre les objectifs énergétiques à long terme du pays.
en_11401111111234540

La Chine finalise la construction modulaire du réservoir passif de Xudabao 4

Le réacteur nucléaire VVER-1200 de Xudabao 4 en Chine a achevé l’installation de son dernier réservoir d’eau passif, marquant la fin de la construction modulaire de la deuxième phase du projet.

Le Canada et l’Alberta actent une stratégie nucléaire commune d’ici 2027

Ottawa et Edmonton s’accordent pour élaborer une stratégie de production nucléaire visant 2050, marquant une coopération inédite dans un protocole d’entente incluant également le captage de carbone et un projet de pipeline autochtone.

Le Niger défie Orano en lançant sa production d’uranium sur le marché international

Niamey affirme reprendre la main sur ses ressources en uranium en autorisant la vente libre de la production de Somaïr, anciennement contrôlée par le français Orano, malgré un contentieux juridique en cours.
en_114030011134540

Equinix sécurise 500 MWe nucléaires avec Stellaria pour ses data centers IA

Equinix a signé un accord stratégique avec la start-up française Stellaria pour réserver 500 MWe de capacité nucléaire avancée destinée à alimenter ses futurs data centers IA européens à partir de 2035.

Le Kyrgyzstan mise sur un petit réacteur nucléaire russe pour combler sa crise énergétique

Bichkek projette d’accueillir un réacteur modulaire RITM-200N fourni par Rosatom afin de pallier ses pénuries d’électricité et renforcer ses liens énergétiques avec Moscou, malgré les risques liés aux sanctions occidentales.

TEPCO pourrait relancer la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa dès janvier

L’assemblée préfectorale de Niigata se prononcera sur la reprise de l’unité 6, marquant une potentielle première relance pour TEPCO depuis la catastrophe de Fukushima en 2011.
en_114027271126540

La Banque asiatique de développement ouvre ses financements au nucléaire civil

La Banque asiatique de développement a modifié sa politique énergétique pour permettre le financement de projets nucléaires civils dans les pays membres en développement de la région Asie-Pacifique.

First Hydrogen lance un projet sur les combustibles pour réacteurs nucléaires modulaires à sels fondus

First Hydrogen démarre des recherches avec l’Université de l’Alberta pour identifier des mélanges de sels fondus simulant les combustibles nucléaires destinés aux prototypes de petits réacteurs modulaires.

Framatome livre ses premiers assemblages de combustible nucléaire pour Barakah

Framatome a achevé la fabrication des premiers assemblages de combustible nucléaire destinés à la centrale de Barakah, marquant une étape clé dans l’accord de fourniture signé avec l’Emirates Nuclear Energy Company en juillet.
en_114025251125540

Le Royaume-Uni engage une refonte radicale de sa régulation nucléaire

Un rapport commandé par le gouvernement britannique propose 47 mesures pour simplifier la régulation nucléaire, réduire les coûts de démantèlement et accélérer la livraison des projets civils et militaires.

Le deuxième réacteur de Zhangzhou injecte ses premiers kilowattheures sur le réseau

Le réacteur Hualong One de la centrale nucléaire de Zhangzhou a été raccordé au réseau, marquant une étape majeure dans le déploiement du programme nucléaire civil chinois en cours d’expansion.

Rosatom obtient l’autorisation de produire des composants de SMR en impression 3D

Le groupe nucléaire public russe Rosatom a validé la fabrication additive de pièces pour ses petits réacteurs modulaires, marquant une première industrielle pour l’équipement des centrales SMR RITM-200.
en_11402411138540

Maritime Fusion lève $4.5mn pour alimenter les navires grâce à l’énergie de fusion

La start-up californienne Maritime Fusion, soutenue par Y Combinator et Trucks VC, mise sur une approche décentralisée de la fusion pour conquérir le marché maritime et les applications hors réseau.

Bayridge Resources acquiert 51 % du projet d’uranium de Baker Lake au Nunavut

Bayridge Resources sécurise une participation majoritaire dans un projet d’uranium avancé au Canada, renforçant ainsi sa présence stratégique dans une région géologiquement prometteuse.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.