La capacité éolienne terrestre en Asie du Sud-Est devrait atteindre 26 gigawatts (GW) d’ici 2030, contre 6,5 GW en 2024, selon Rystad Energy AS. Toutefois, cette croissance est menacée par l’absence de mécanismes de régulation dynamiques et par des réseaux électriques insuffisamment préparés, selon des analystes de Rystad Energy AS et de l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA).
Des politiques de soutien à revoir
Au Vietnam, le mécanisme de tarif d’achat garanti (feed-in tariff, FIT) lancé en 2018 a entraîné un afflux massif de projets éoliens. Grant Hauber, conseiller stratégique pour le financement énergétique en Asie chez IEEFA, a déclaré que ce dispositif avait provoqué une congestion du réseau et une instabilité réglementaire. L’approche du gouvernement, qui a accepté toutes les propositions de projets sans limite de volume, a surchargé les capacités de planification.
De son côté, Rohit Patel, vice-président pour les énergies renouvelables et l’électricité chez Rystad Energy AS, a indiqué que les marchés émergents devraient adopter des politiques ajustables en fonction des réactions des investisseurs. Il préconise notamment une réduction progressive des plafonds tarifaires en cas de forte demande.
Le passage aux enchères recommandé
Les deux experts appellent à la mise en place de calendriers pluriannuels d’attribution de capacités, afin de stabiliser le secteur et d’éviter des cycles de surchauffe suivis de ralentissements. Ils suggèrent également l’abandon progressif des tarifs fixes au profit de systèmes d’enchères compétitives, jugés plus efficaces pour établir des prix réalistes tout en maîtrisant les coûts.
Au sein de l’archipel philippin, la dynamique initiale du secteur s’est essoufflée après l’arrêt du FIT en 2016, en l’absence de mécanisme alternatif. Selon Patel, cette interruption a provoqué un gel des investissements dans l’éolien terrestre.
Des infrastructures électriques insuffisantes
L’intégration au réseau reste un enjeu crucial dans la région. Hauber a souligné l’importance d’une planification en amont des connexions au réseau afin d’éviter les retards liés à la disponibilité des infrastructures. Il a cité en exemple le modèle des parcs solaires en Inde, où les autorités planifient les sites, construisent les infrastructures de transmission et sécurisent les droits fonciers avant la mise en appel d’offres.
Patel a noté que la stratégie vietnamienne, qui laisse la responsabilité des raccordements aux promoteurs de projets, engendre des constructions désorganisées et de longues périodes d’attente pour la mise en service.
Selon Hauber, l’anticipation des raccordements et la sécurisation foncière permettent aux opérateurs de concentrer leurs efforts sur la compétitivité des offres. Il estime que ce modèle réduit significativement les risques et favorise une meilleure maîtrise des coûts pour les projets.