C’est un chiffre impressionnant qui est avancé par Wood Mackenzie pour le futur de l’éolien offshore ce mercredi 18 mai. Selon le groupe de conseil spécialisé dans le secteur de l’énergie, son développement pourrait être très conséquent d’ici à 2031. La société britannique avance même ses dépenses d’investissement mondiales cumulées pouvant atteindre 1 000 milliards $ à cette date.
L’éolien offshore : un secteur d’avenir
Au fil des années, la transition énergétique est devenue un sujet stratégique majeur pour les gouvernements et les acteurs privés. Les différentes réunions pour le climat et les investissements variés promettent un futur glorieux au secteur. Actuellement, la volonté d’augmenter ses capacités en énergies renouvelables propose deux avantages majeurs : la décarbonisation et l’indépendance énergétique.
Depuis l’éclatement de la Guerre en Ukraine, de nombreux acteurs ont expérimenté les failles de la dépendance énergétique. Les compagnies russes ont coupé les ressources en hydrocarbures à destination de la Bulgarie et de la Pologne suite au refus de payer en rouble. En Allemagne, le gouvernement prépare un plan de réponse qui mettrait en avant l’industrie.
Selon un rapport de l’IEA, « les ajouts de capacité d’éolien offshore dans le monde en 2022 » vont doubler par rapport à 2020. Mastodonte dans ce secteur, la Chine pourrait dépasser l’UE et le Royaume-Uni réunis en termes de GW installés. Pour cause, cette énergie propose une énergie plus stable que son homologue terrestre.
Une capacité qui grandit et fait plus d’intéressés
Selon Woodmac, l’éolien offshore serait « en passe de devenir l’une des technologies clé de la décarbonisation de l’économie mondiale ». Cette dernière aurait réussi à convaincre et à gagner la confiance des investisseurs internationaux. D’ici à 2030, le groupe de conseil prévoit que 24 pays disposeront de parcs éoliens offshores à grande échelle, contre neuf aujourd’hui.
La capacité totale installée via l’éolien maritime atteindrait 330 GW à la prochaine décennie, contre seulement 34 GW en 2020. Une projection qui paraît très ambitieuse au vu des estimations d’augmentation de l’IEA sur la période 2021-2023 (44 GW). Le secteur a par ailleurs connu sa meilleure augmentation de gigawatts en 2021 avec 21,2 GW sur l’année.
Dans le rapport publié le 18 mai, la responsable de la recherche sur l’éolien en mer de Wood Mackenzie, Soeren Lassen, explique :
« Désormais, les entreprises se bousculent pour le secteur de l’éolien offshore, qui représente un billion de dollars. Le nombre de projets proposés a augmenté de 66 % l’année dernière. Il est dorénavant près de trois fois supérieur à la capacité éolienne en mer que nous prévoyons en 2030. Le problème est que peu d’opportunités dans le secteur de l’éolien en mer resteront non-contestées. »
Un secteur compétitif
Par la suite, Soeren Lassen explique également les subtilités de la concurrence présente dans le secteur de l’éolien maritime. Une industrie qui intéresse, mais qui se doit de répondre aux récentes inquiétudes liées au marché. Actuellement, les politiques de prix et la production locale sont les intérêts qui séduisent les marchés asiatiques et américains, l’atténuation écologique arrive derrière.
La fin récente de plusieurs subventions dédiées à cette énergie, notamment en Chine, fait planer un doute quant à sa rentabilité future. Le responsable de la recherche sur l’éolien en mer de Woodmac déclare ceci :
« Comme de plus en plus d’entreprises font des offres, que les loyers montent en flèche et que les subventions baissent, le rendement des projets, lui, diminue. La compétitivité des coûts restera toujours un élément central pour gagner dans l’éolien en mer. Toutefois, un nouvel ensemble de facteurs, au-delà du prix de l’offre, gagne du terrain et déterminera les gagnants et les perdants du secteur. Ces quatre facteurs (production locale, intégration des systèmes, atténuation écologique et durabilité) nécessiteront un changement stratégique pour les investisseurs de l’éolien en mer. »
En décembre 2021, un appel d’offres d’éoliennes offshore de 1 GW au Danemark avait attiré l’attention. Pour cause, la quasi-totalité des soumissionnaires ont dévoilé des offres aux subventions négatives. Un événement qui inquiétait quant à des fluctuations des prix de l’électricité.
Des défis importants à surmonter
Afin que le marché ne soit pas inquiété, l’industrie de l’éolien offshore aura donc plusieurs défis à surmonter. Dans son analyse, les quatre facteurs cités par Soeren Lassen montrent différentes dynamiques.
Pour la production locale, Woodmac estime qu’environ 80 % des capacités connectées dans la décennie seront influencées par des politiques relatives à cette question. La réussite dans ce secteur viendra de la « capacité mobiliser la main-d’œuvre et les industries locales ». Pour l’écologie, cela consistera à coexister avec l’environnement et les activités maritimes locales.
Ensuite, la durabilité devra réfléchir à la recyclabilité, déjà élevée, des éoliennes et à la réduction des émissions de CO2. L’intégration des systèmes sera stratégique, car il faudra permettre au réseau électrique d’être continuellement alimentée. Des solutions énergétiques de secours devront être intégrées aux structures, comme des électrolyseurs produisant de l’hydrogène.
L’éolien offshore, une industrie encore mouvante
Néanmoins, Wood Mackenzie explique que ces critères peuvent être amenés à évoluer dans les prochaines années. Par exemple, les politiques appliquées dans les différents pays pourraient favoriser ou pénaliser ce secteur énergétique. Les avantages offerts par l’éolien offshore cherchent d’ailleurs à se diversifier afin d’atteindre le marché le plus large possible.
Dans le rapport du groupe de conseil britannique, Chris Seiple, vice-président de la section de recherche sur la transition énergétique, met en avant sa perception pour l’évolution de ce secteur. Dans le rapport, le consultant exprime son sentiment :
« Désormais, ces multiples critères deviennent une priorité. Ils détermineront les résultats des appels d’offres, des enchères de location et les critères sur les marchés individuels seront différents. Pour réussir, les investisseurs doivent être en mesure d’anticiper les critères importants sur chaque marché, avoir la capacité et les compétences nécessaires pour exécuter et respecter ces critères, et comprendre les compromis et les synergies entre eux. »