Le Soudan et le Soudan du Sud ont officialisé un accord visant à sécuriser les infrastructures pétrolières transfrontalières, incluant les oléoducs, les stations de pompage et les corridors stratégiques de transport du brut sud-soudanais vers la mer Rouge. Cette annonce, faite à Port-Soudan, intervient dans un contexte de guerre civile persistante au Soudan, marquée par des attaques contre des installations critiques dans les États du Haut-Nil et d’Unity.
Un mécanisme sécuritaire commun pour protéger les flux pétroliers
L’accord prévoit la création d’un dispositif conjoint de sécurité entre les deux pays, chargé de partager les renseignements et de coordonner des patrouilles transfrontalières. Ce mécanisme vise à réduire les risques d’interruption des flux, alors que plusieurs incidents ont déjà affecté les installations depuis 2024. En complément, un Comité économique mixte sera établi pour renforcer la coopération bilatérale dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures.
Des revenus pétroliers cruciaux pour les deux économies
Pour le Soudan du Sud, le pétrole représente près de 90 % des recettes publiques et 95 % des exportations totales, selon le Fonds monétaire international (FMI). Depuis l’éclatement de la guerre au Soudan en février 2024, une partie de l’oléoduc assurant environ 70 % des exportations sud-soudanaises a été endommagée, réduisant considérablement les revenus du gouvernement de Juba.
À Khartoum, la coopération pétrolière post-sécession reste une source essentielle de revenus. L’accord de 2012 encadre les paiements effectués par Juba : 1,60 $ pour le traitement, 8,40 $ pour le transit via la société publique Petroleum Company (Petco), 6,50 $ via Petrodar, 1 $ de redevance souveraine, et 15 $ dans le cadre d’arrangements financiers transitoires. Selon les données du Small Arms Survey, une partie de ces montants est réglée en nature, avec jusqu’à 27 000 barils livrés quotidiennement au Soudan.
Absence des Forces de soutien rapide dans l’accord
L’accord n’inclut pas les Forces de soutien rapide (FSR), groupe armé majeur du conflit soudanais, qui contrôle plusieurs zones traversées par les oléoducs. Cette omission soulève des interrogations quant à la capacité réelle du gouvernement soudanais à garantir la mise en œuvre du dispositif sécuritaire sur l’ensemble du territoire concerné.
Alors que les deux gouvernements affichent un intérêt commun pour maintenir les flux pétroliers, les perspectives de stabilité restent tributaires d’un environnement sécuritaire encore très volatile. L’efficacité de ce partenariat dépendra de l’évolution du conflit et de la capacité des deux parties à maintenir un dialogue opérationnel dans un contexte de tension armée prolongée.