Quelque 106.000 km de lignes, dont 6% enterrées, et plusieurs dizaines de milliards d’euros nécessaires pour adapter ces infrastructures: voici résumé en quelques chiffres le réseau électrique à haute et très tension de la France.
50 ans d’âge moyen
L’édification du réseau a connu trois grandes périodes : après la Seconde Guerre dans le cadre de la reconstruction, avec l’essor du réseau à 225.000 volts; à partir des années 70 avec le boom de la production thermique centralisée (charbon et surtout nucléaire) et du 400.000 volts; puis dès les années 2010 avec une nouvelle accélération et des transformations imposées par la transition énergétique.
La France compte ainsi 106.000 km de lignes, allant de 63.000 à 400.000 volts, dont 6.000 km souterraines.
A partir de 85-90 ans, ces équipements sont à renouveler pour des raisons de vétusté, note-t-on chez RTE, qui s’attend donc à un “mur de renouvellement” à venir.
Ainsi, jusque dans les années 2010, on remplacait 300 km de câble par an; ce sera 500 km en 2022, 1.200 km d’ici 2030. Idem pour les pylônes: 500 sont remplacés chaque année, mais il va falloir accélérer, notamment dans les zones de corrosité forte (près de la mer, ou dans certaines zones industrielles).
Et pour ce qui est d’enterrer les lignes, les 63.000-90.000 volts sont concernées, notamment en zones d’habitation. C’est aussi le cas pour les installations 225.000 volts nouvelles, mais pas pour le 400.000 sauf en distances très courtes.
Enfin, outre ces “autoroutes” électriques, il existe un important réseau de distribution géré par Enedis: il représente 1,4 million de kilomètres de lignes, soit 35 fois le tour de la Terre.
Nouveaux besoins
Le réseau haute et très haute tension doit s’adapter à de nouveaux besoins, avec la hausse prévue de la consommation électrique et le renoncement progressif aux énergies fossiles, dans l’industrie ou les transports par exemple.
Par exemple, aujourd’hui 250 grands sites industriels sont directement connectés au réseau de RTE. Ils représentent 10 à 15% des émissions de gaz à effet de serre de la France et s’engagent pour certains dans un processus de décarbonation.
Les nombreux projets de production d’hydrogène bas carbone vont aussi demander beaucoup d’électricité.
La production change également. L’essor des énergies renouvelables et de projets comme les parcs éoliens en mer nécessitent de nouvelles “routes” pour faire transiter l’électricité vers les lieux de consommation.
Pour l’éolien terrestre et le solaire, dont les capacités doivent quintupler d’ici 2035, une centaine de postes électriques devront être construits à cette échéance.
Milliards
RTE a présenté fin 2019 son “schéma décennal”, qui évaluait les investissements nécessaires à son réseau à 33 milliards d’euros jusqu’en 2035. Ce schéma sera mis à jour l’an prochain.
Les investissements annuels (1,7 milliard d’euros aujourd’hui) doivent ainsi doubler d’ici 2035.
Côté réseau de distribution, Enedis n’est pas en reste: l’entreprise prévoit 69 milliards d’investissements sur 15 ans.
Ces dépenses sont financées par le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (Turpe), payé par les consommateurs via leurs factures d’électricité. Ce tarif doit augmenter progressivement ces prochaines années.
RTE promet toutefois un impact “modéré” et un coût du transport stable à environ 8-10% de la facture globale en 2035.